À mon seul désir - Lucie Borleteau - critique

Critique : La première séquence introduit le spectateur dans l’univers feutré et mystérieux du strip-tease comme s’il était un hôte privilégié dans ce théâtre d’ombre et de lumière. Manon, ou plutôt Aurore qui sera son nom de scène, suit l’entrée du spectateur dans cette cave sombre où des femmes s’adonnent à des spectacles érotiques. Une fois suffit pour qu’elle succombe à la facilité de l’argent immédiat, jusqu’hélas la prostitution. Heureusement, pour le meilleur en tous les cas, elle se lie immédiatement d’amitié pour une autre danseuse, magnifiquement interprétée par Zita Hanrot.

Copyright Pyramide Distribution

Si À mon seul désir cherche évidemment à dénoncer la brutalité sous-jacente dans le commerce du sexe, la mise en scène de Lucie Borleteau souffre d’une certaine complaisance dans le traitement du sujet. En effet, les scènes érotiques sont filmées avec une très grande douceur, voire une grande beauté, à l’inverse même de la réalité difficile que les femmes vivent dans les cabarets de charme. L’histoire d’amour qui naît entre les deux jeunes femmes rajoute à l’ambiguïté du propos. De plus, elle multiplie les scènes de danse, dans un tonnerre de musiques électroniques, comme si elle éprouvait elle-même une sorte de fascination pour l’univers érotique des strip-teaseuses.

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Toujours est-il que Lucie Borleteau aime ses comédiennes. Elle les filme avec amour, grâce et empathie. Les deux jeunes femmes illuminent l’écran d’un bout à l’autre. Elles interprètent deux personnages aux antipodes l’une de l’autre mais qui finissent par s’unir dans une relation fusionnelle et complexe. Les danses érotiques qu’elles mènent sur la scène du cabaret leur collent à la peau, comme si elles avaient exercé ce drôle de métier toute leur vie. On reconnaît chez elles la fragilité et la grandeur du jeu de comédiennes, d’autant quand elles récitent des textes classiques en vue, un jour, de devenir célèbres. On est très loin de la brutalité amoureuse filmée par Kechiche dans La Vie d’Adèle en 2013. Les deux comédiennes s’adonnent à une relation sensuelle qui devient presque plus fascinante et troublante que les spectacles qu’elles enchaînent dans le cabaret.

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Le plus grand reproche qui peut être fait à ce film demeure que la réalisatrice en fait trop dans l’érotisme. Les répétitions de scènes de strip-tease ou d’amour finissent par lasser le spectateur qui commence à douter de la dénonciation sous-jacente des maltraitances sexuelles subies par les femmes par la réalisatrice.