Le 11 septembre 2023
Si Karin Viard habite avec talent cette nounou vulnérable et dangereuse, le film souffre d’une écriture et une mise en scène qui se traînent en longueur, se perdent dans les académismes et se terminent en queue de poisson.
- Réalisateur : Lucie Borleteau
- Acteurs : Karin Viard, Leïla Bekhti, Martine Chevallier, Antoine Reinartz, Céline Fuhrer, Rehab Mehal
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Français
- Distributeur : Universal - StudioCanal
- Durée : 1h40mn
- Date télé : 25 février 2024 22:40
- Chaîne : OCS Max
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 27 novembre 2019
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Résumé : Paul et Myriam ont deux enfants en bas âge. Ils engagent Louise, une nounou expérimentée, pour que Myriam puisse reprendre le travail. Louise se montre dévouée, consciencieuse, volontaire, au point que sa présence occupe une place centrale dans la famille. Mais très vite les réactions de Louise deviennent inquiétantes.
Critique : C’est un jeune couple, parisien, bobo à souhait. Lui travaille dans la chanson, elle, est avocate. Elle a mis son boulot entre parenthèses, pour se consacrer à l’éducation de ses deux jeunes enfants, Adam, encore bébé, et Mila, un peu plus grande. Mais Myriam a besoin de reprendre son travail, tant son rôle de mère à domicile l’angoisse et manque de sens. Le couple se décide alors à recruter une nounou qui, après quelques entretiens pitoyables, trouvera son idéal dans la personne de Louise. Mais dès les premières scènes, on perçoit très vite que la perfection éducative n’existe pas et que surtout, l’enfer est pavé de bonnes intentions.
- Copyright Studio Canal
La première surprise de Chanson douce demeure que l’écrivaine récompensée par le Goncourt n’a absolument pas participé à l’écriture du scénario. La réalisatrice se partage la tâche entre Jérémie Elkaïm (qu’on aperçoit dans le film lors d’un dîner entre amis) et Maïwenn. Certes, il ne s’agit pas des pires professionnels du monde du cinéma, mais passer à côté de Leïla Slimani apparaît comme une erreur importante. En fait, tout le long-métrage souffre d’une écriture qui se traîne en longueur et a du mal à faire monter la tension, pourtant indispensable de ce type de récit. La majeure partie de la narration donne à voir les scènes de complicité entre Louise et les deux enfants, qui alternent avec les remontrances des deux jeunes parents. Le film est construit sur une succession d’entrées et de sorties du couple dans l’appartement parisien, de promenades dans le parc, ou d’embrassades plus que nuancées de la nounou vers les petits. On comprend rapidement que Louise attend beaucoup plus de l’attachement professionnel à l’égard des enfants qu’elle garde, mais rien ne justifie ces successions de scènes qui semblent d’une longueur terrible. Le récit ne prend pas. La tension ne survient pas, du fait d’une mise en scène démonstrative dont on comprend l’issue finale au bout d’un quart d’heure.
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Chanson douce propose une allégorie assez lourde sur la lutte des classes modernes. D’un côté, il y a ce couple parisien, bobo, qui se plaint que leurs deux enfants partagent la même chambre, dans leur joli quartier du onzième arrondissement. De l’autre côté, il y a Louise qui habite un studio dans une banlieue très lointaine. Les uns s’amusent avec des amis friqués ; l’autre dort dans son cabaret sordide. La réalisatrice offre un cinéma pétri de stéréotypes, au point que le propos s’enlise dans des lourdeurs de style qui appelleraient plus de nuances. Lucie Borleteau semble méconnaître la France populaire en la réduisant à une image caricaturale. Du coup, la relation entre Louise, les enfants et le couple ne fonctionne absolument pas. On se demande comment ces parents instruits acceptent le comportement de cette femme, jusqu’à l’inviter à partir en vacances avec eux. L’invraisemblance prend le pas sur le portrait de cette nounou, qui aurait pu être un rôle passionnant et complexe.
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On ne peut pas nier le talent de Karin Viard. Pour une fois, elle incarne une personne qui n’est pas vulgaire. La comédienne habite le mieux qu’elle peut ce rôle, qui hésite en permanence entre soumission sociale, rigueur éducative et folie totale. Hélas, il ne suffit pas de bons acteurs pour faire un bon film. En l’occurrence, la mise en scène lourde et cousue de fil blanc met à bas l’interprétation honnête des comédiens. On les oublie presque et l’ennui prend le pas sur l’éventuelle fascination que pourrait induire le personnage de Louise. Quant à la fin du film, aussi brutale que le démarrage est long, elle laisse le spectateur sur sa faim. On ressort de la salle avec un sentiment de gêne et de vide, comme si le film était passé à côté de son sujet.
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