Diane Keaton dans un de ses grands rôles
Le 28 octobre 2013
Ce film à la fois culte et trop méconnu confirme le talent et l’éclectisme de Richard Brooks, artisan hollywoodien inspiré. Diane Keaton y est prodigieuse.
- Réalisateur : Richard Brooks
- Acteurs : Richard Gere, Diane Keaton, Tom Berenger, Tuesday Weld, William Atherton
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Box-office : 784 436 entrées (France) dont 290 189 (Paris-périphérie) / 22,5 M$ (USA)
- Titre original : 2h15mn
- Date de sortie : 29 mars 1978
L’argument : Dans les années 1970, une enseignante pour sourds, célibataire et sage en apparence, s’aventure chaque nuit dans les quartiers chauds en quête d’expériences sexuelles débridées et sans lendemain avec toutes sortes de marginaux.
Notre avis : Artisan hollywoodien inspiré à qui l’on doit des réussites aussi éclatantes que Graine de violence ou De sang froid, Richard Brooks a 65 ans lorsqu’il se voit proposer d’adapter à l’écran le roman sulfureux de Judith Rossner. Ni produit érotique racoleur, ni récit moralisateur, À la recherche de Mister Goodbar est un film de son époque (la seconde moitié des années 70), sur le fond comme sur la forme. Sur le fond, le parcours de Theresa (Diane Keaton), fuyant un père psychorigide (Richard Kiley) et une éducation catholique rigoriste, s’apparente à celui de la nouvelle génération américaine d’alors, marquée par les effets de la révolution sexuelle, la contestation politique (les séquelles de la guerre du Vietnam), et une remise en cause de l’ordre social qui n’est pas spécifique aux États-Unis. Voulant dépasser la timide rébellion de sa sœur (Tuesday Weld), Theresa refuse le parcours amoureux conformiste et balisé que lui propose James (William Atherton), préférant papillonner de son ancien professeur de lettres (Alan Feinstein) à un séducteur marginal et fantasque (Richard Gere), en passant par de nombreux hommes d’âge divers rencontrés dans des pubs et boîtes de nuits plus ou moins louches. Sage enseignante le jour et oiseau de nuit à intervalles de plus en plus réguliers, Theresa ne mène pas pour autant une double vie, ne cachant son existence débridée qu’à son entourage professionnel.
En ce sens, elle n’est pas aussi rêveuse et radicale qu’une Belle de Jour, même si certaines séquences s’avèrent être des fantasmes ou cauchemars, y compris (peut-être ?), l’effrayant dénouement. Sur la forme, le film est la fois linéaire et éclaté, des bribes de vie donnant un éclairage contrasté des tourments de Theresa, avec un mélange des genres (comédie sentimentale, drame psychologique, voire film d’horreur) et des ruptures de ton qui font tout le prix de ce « portrait d’une enfant déchue », d’« une (jeune) femme sous influence ». Car À la recherche de Mister Goodbar s’inscrit aussi dans le courant d’un certain cinéma américain de la décennie, allant de Cassavetes à Schatzberg, filmant des personnages féminins à la dérive sous forme de puzzle et préférant fournir des indices plutôt que de surligner les motivations de ses (anti)héroïnes. Et c’est tout à l’honneur de Richard Brooks que d’adopter une démarche similaire, sans opportunisme ou volonté de saisir l’air du temps, malgré les nombreux tubes musicaux qui flottent sur la bande-son, de Donna Summer à Diana Ross. Impériale et charismatique, Diane Keaton offre une composition mémorable, la même année que sa prestation dans Annie Hall. Si le film de Woody Allen lui permettra de décrocher l’Oscar, on peut penser que les professionnels ont aussi tenu compte de sa performance dans l’œuvre de Brooks.
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Frédéric Mignard 28 octobre 2013
À la recherche de Mister Goodbar - la critique
L’un de mes films cultes. Une oeuvre empreinte d’une noirceur et d’une psychologie sans équivoque, parmi les grands morceaux des années 70 ! Diane Keaton y est remarquable.
Jeckxdeel 5 décembre 2020
À la recherche de Mister Goodbar - la critique
Un superbe film !
Malheureusement, aucune édition DVD ne possède la version française, ni mème la zone appropriée pour l’Europe.
Jeckxdeel 5 décembre 2020
À la recherche de Mister Goodbar - la critique
Entièrement d’accord !