Le 24 mai 2015
Un des meilleurs films sur le journalisme, mis en scène par l’excellent Richard Brooks.
- Réalisateur : Richard Brooks
- Acteurs : Humphrey Bogart, Kim Hunter, Ed Begley, Warren Stevens, Ethel Barrymore
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Rimini Éditions
- Durée : 1h27
- Box-office : 603 016 entrées (France) dont 155 153 (Paris-périphérie)
- Titre original : Deadline U.S.A.
- Date de sortie : 11 février 1953
L'a vu
Veut le voir
Un des meilleurs films sur le journalisme, mis en scène par l’excellent Richard Brooks.
Sortie en blu ray et en DVD le 27 mai 2015.
L’argument : George Burrows, reporter au journal The Day, enquête sur un caïd de la pègre, Thomas Rienzi. Malgré les pressions et les menaces, il fera éclater la vérité grâce à son rédacteur en chef, Ed Hutcheson.
Notre avis : Richard Brooks est un cinéaste américain qui a œuvré dans des genres très différents. En effet, ce natif de Philadelphie s’est intéressé au western (La dernière chasse, Les professionnels), à la violence en milieu scolaire (Graine de violence) ou encore à des adaptations de Tennesse Williams (La chatte sur un toit brûlant, Doux oiseau de jeunesse).
Loin d’être un “yes man”, Richard Brooks a au contraire choisi des sujets qui le tenaient à cœur. C’est ainsi qu’en 1952, il réalise son troisième long métrage, Bas les masques (Deadline U.S.A. de son titre original), un film majeur sur le monde de la presse.
Dans cette histoire, Ed Hutcheson, rédacteur en chef de The day, apprend que son journal va être vendu au Standard. Hutcheson profite des derniers moments d’existence de The day pour tenter de révéler au grand jour les agissements illégaux d’un grand ponte de la pègre, Thomas Rienzi.
Richard Brooks a tiré parti de son expérience pour mettre en scène Bas les masques. En effet, avant d’être réalisateur, Brooks a travaillé en tant que journaliste à Press Union puis au New York World. Il a eu l’occasion d’assister au rachat de ce dernier par le New York Telegram. Les parallèles avec Bas les masques sont évidents.
Pour autant, le cinéaste ne se contente pas d’une fiction tirée d’une histoire vraie. Tout au long de son film, il laisse entendre que la disparition d’un journal n’est pas un fait anodin. Très lucide, Richard Brooks s’interroge sur la liberté et démocratie de la presse si quelques compagnies se partagent toute la presse.
Le film a beau dater de 1952, il demeure toujours d’actualité. On songe ainsi aux magnats actuels de la presse qui contrôlent (presque) tout et qui ont de facto asphyxié la liberté de la presse. Dans Bas les masques, Ed Hutcheson fait de l’indépendance de la presse son cheval de bataille. Il sait que c’est uniquement de cette façon que l’on peut traiter tous les sujets que l’on souhaite, sans aucun risque de censure.
Bas les masques est un film militant, engagé, dont la sortie en 1952 est d’autant plus marquante – voire incroyable – qu’elle a eu lieu en plein maccarthysme. Faut-il voir dans ce film une croisade de Brooks pour la liberté, en écho notamment au maccarthysme ? Peut-être.
Toujours est-il que l’intérêt du film de Brooks ne s’arrête pas là. C’est un passionnant témoignage d’une époque, et surtout d’un environnement. Le cinéaste américain connaît très bien le milieu du journalisme et il le décrit avec beaucoup d’à propos. On voit tous ces journalistes qui grouillent ensemble dans les locaux de The day, on découvre à plusieurs reprises les rotatives (scène formidable où le témoin-clé meurt sur une rotative) et on suit les journalistes effectuer leur travail sur le terrain.
C’est ainsi que la trame principale du film s’intéresse au véreux Thomas Rienzi. Bas les masques est passionnant par le travail d’investigation mené par Ed Hutcheson et toute son équipe, à la recherche de preuves irréfutables contre le fourbe Rienzi.
La distribution est très solide. Avec son physique caractéristique, Humphrey Bogart incarne avec conviction le rôle d’Ed Hutcheson, un homme courageux, incorruptible, héroïque, qui n’hésite pas à s’attaquer à l’une des personnes les plus influentes et dangereuses de sa ville. Dans son combat, il rappelle le journaliste joué par James Stewart dans l’excellent Appelez nord 777 d’Henry Hathaway, sorti en 1948.
Ed Hutcheson se dresse en pourfendeur de la justice, face à une société où la corruption n’est pas un vain mot. Ce personnage évoque par certains aspects celui que jouera Jean Simmons dans le chef d’œuvre de Brooks, Elmer Gantry le charlatan. La belle actrice incarnera alors un personnage pur, désintéressé, loin d’une société des années 20 corrompue, où seuls l’argent et le pouvoir semblent sacrés.
Comme quoi, Richard Brooks ne laisse pas la part belle qu’aux acteurs. D’ailleurs, dans Bas les masques, aux côtés d’Humphrey Bogart, deux actrices tirent leur épingle du jeu. Ethel Barrymore est touchante dans le rôle de Margaret Garrison qui tente de sauver le journal de son époux décédé. Quant à Kim Hunter, elle fait preuve d’une belle sensibilité en jouant cette femme divorcée d’Ed Hutcheson, mais qui continue de le fréquenter. En peu de scènes, Richard Brooks décrit avec acuité la difficulté à concilier vie privée et vie professionnelle.
C’est évidemment un sujet toujours d’actualité, que l’on peut transposer dans nombre de professions.
En somme, Bas les masques est un film sur le journalisme d’une grande richesse, qui bénéficie d’un scénario solide, de l’expérience de son réalisateur sur le sujet et d’une distribution quatre étoiles. Que demander de plus ?
Une édition blu ray en tous points remarquable.
Les suppléments :
Les bonus du blu ray constituent un excellent complément du film. L’éditeur, Rimini éditions, propose trois bonus tout à fait pertinents. Dans le premier, d’une durée de 38 minutes, Patrick Brion, qui a écrit un livre sur Richard Brooks, évoque la carrière du réalisateur américain. Il livre un avis très juste sur le film Bas les masques, en le replaçant dans le contexte de l’époque.
Dans un second bonus, intitulé Humphrey Bogart, le détective d’Hollywood, Linda Tahir-Meriau revient sur la carrière d’Humphrey Bogart. Documentaire intéressant, avec des extraits de films (en VO) parfois assez rares ou méconnus. D’une durée de 35 minutes, ce documentaire permet de se rendre compte de la carrière monumentale de Boggart.
Le troisième bonus, exclusif au blu ray, Les journalistes dans le cinéma américain, revient sur les films sur les plus marquants liant cinéma et journalisme. Ce travail très exhaustif, commence avec les débuts d’Hollywood jusqu’aux films américains des années 90. Les films les plus marquants sont détaillés et replacés dans le contexte de leur époque.
La bande annonce du film (en VO) complète la section des bonus.
L’image :
Image 4/3 au format 1.33. La copie est superbe, lavée de toute usure du temps. Le travail de restauration est remarquable. On ne croirait pas que le film date de 1952.
Le son :
Son en mono DTS-HD master audio. Le son est pur et permet d’entendre parfaitement les dialogues, tant en français qu’en version originale. On privilégiera toutefois la VO, bien plus naturelle.
- Copyright Action Cinémas / Théâtre du Temple
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.