Le 31 décembre 2024
Cette fable sur une jeunesse désabusée qui se rêve riche raconte un état mélancolique du monde contemporain. Une œuvre de cinéma envoûtante.
- Réalisateur : Virgil Vernier
- Acteurs : Zakaria Bouti, Mina Gajovic, Victoire Song
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : UFO Distribution
- Durée : 1h17mn
- Date de sortie : 4 décembre 2024
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Résumé : Ils restèrent toute la nuit à discuter dans la chambre de Julia. Elle lui parla des palais, des châteaux, des diamants, et de tout l’or qu’elle avait vu. Elle lui raconta ce qui se passait après la mort. Afine l’écoutait sans dire un mot, ébloui par toutes ces choses dont il n’avait jamais entendu parler.
Critique : Ils sont quatre colocataires dans une maison incise dans le cocon luxueux de Monaco. C’est Noël et le luxe se lit à travers les vitrines resplendissantes des magasins, les guirlandes qui dégoulinent des murs, comme un sentiment de trop-plein de richesses et d’inutilité. Alors, pour payer le loyer, les factures du quotidien, et sans doute tuer l’ennui et la solitude, ils se prostituent ou se font payer comme escorts auprès de riches habitants de la principauté. 100 000 000 000 000 se centre essentiellement sur le personnage d’Afine, un jeune homme de dix-huit ans, au visage ravagé de tristesse, et qui passe ses journées à faire l’amour tarifé avec des femmes et des hommes, ou à accompagner le quotidien de vieilles dames richissimes, jusqu’à ce que les évènements l’amènent à passer Noël et le 31 décembre auprès d’une adolescence, Julia, et sa baby-sitter d’origine serbe.
- Copyright UFO Distribution
Voilà donc un film sur l’argent qui déborde autant qu’il manque. On pense évidemment à cette jeune génération qui a découvert l’argent facile sur les réseaux sociaux, ou encore à cette minorité de plus en plus nombreuse qui se prostitue pour assouvir son désir de possession, accru par le capitalisme rampant et sans limite. Mais, aussi riches soient certains, la solitude est écrasante chez tous les protagonistes de cette fable moderne où, apparemment, les appartements luxueux, le train de vie exagérément lubrique ne remplacent jamais la compagnie d’un être aimé. Propos banal, diront certains, mais surtout témoignage d’une époque où nos sociétés occidentales cèdent peu à peu aux torpeurs de la mélancolie et de la décrépitude.
100 000 000 000 000 signe le retour au cinéma du réalisateur et comédien Virgil Vernier, plutôt prolixe. Il s’agit sans doute de son film le plus abouti où l’écriture, très lente et mélancolique, raconte dans une langue originale les tourments de l’Occident, sur le point de sombrer dans la décadence. Certes, le mythe a encore de l’avenir sur les écrans ou dans les livres, mais le cinéaste filme véritablement avec une grande sensibilité la chute de l’empire occidental à travers sa jeunesse désabusée. Le scénario évite la surenchère mélodramatique, allant à l’essentiel des émotions du personnage principal, comme évaporé dans un vide astral. De plus, le cinéaste refuse de filmer les relations sexuelles du jeune homme avec ses clients, l’essentiel n’étant évidemment pas là et l’intention du film n’étant surtout pas de réduire le récit à une fable érotique.
- Copyright UFO Distribution
Le spectateur se laisse emporter dans un climat morne, qui alterne avec les immeubles rutilants de Monaco. Le contraste devient tangible quand le jeune héros promène l’adolescente Julia dans les bas-fonds de la ville, elle dont les parents richissimes ne manquent absolument de rien. Le cinéaste montre non sans une certaine complaisance que l’argent ne remplace pas l’abandon des parents, et que sans doute l’essentiel de la vie a plus à voir avec les rivages sableux de la mer que l’éclat de l’or. Dit comme cela, le film n’a rien à voir avec un conte philosophique de pacotille. Au contraire, grâce d’ailleurs à l’interprétation tout en nuance des jeunes comédiens, le long-métrage s’élève dans une perspective quasi spirituelle.
L’occasion est formidable pour découvrir sur les écrans le jeune comédien Zakaria Bouti. Il offre un personnage pétri de tristesse, qui se débat avec le nihilisme intérieur. Même la sexualité est triste. Il ne lui reste plus, en contemplant la ville depuis le balcon, qu’à imaginer les milliards et milliards d’euros qui battent dans le cœur de chaque appartement.
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