Le 23 mars 2021
- Réalisateur : Virgil Vernier
- Distributeur : Petit Film
- Genre : Documentaire, Court métrage
- Nationalité : Français
- Durée : 27 min
- Festival : Cinéma du réel, 43e Cinéma du réel
Tel un anthropologue, le réalisateur Virgil Vernier fouille les archives des journaux télévisés diffusés pendant les émeutes de 2005, pour raconter l’histoire autrement. Ce documentaire tient sa force dans le montage : il donne la priorité aux paroles des sujets qui vivent les événements de près, et non pas aux discours des médias dominants. C’est autant un exercice de réflexion sur la signification et resignification des images selon le montage, qu’un chant funeste et un appel à la mémoire.
Résumé : Nous sommes dans la banlieue parisienne en 2005. Les cris des familles se font entendre : deux jeunes, Zyed Benna et Bouna Traoré, sont morts alors qu’ils se réfugiaient dans des postes électriques, étant pourchassés par la police. La violence éclate.
Critique : Kindertotenlieder, « chants sur la mort des enfants », fait référence aux poèmes de Friedrich Rückert, plus tard repris par le compositeur Gustav Mahler. À leur instar, Virgil Vernier reprend les cris de douleur, plainte, crainte et demande de justice des habitants des villes, où les émeutes ont eu lieu.
- Virgil Vernier / Petit Film
Au début du XXIe siècle, où les caméras des téléphones portables ne prédominent pas encore sur nos vies, les journaux télévisés tiennent majoritairement le rôle des porte-paroles ou encore de fenêtres sur le monde. Sur les cartons de fin de ces journaux télévisés, on peut lire « Autorisé ici le remploi ». Ce court métrage débarrasse les images des discours préfabriqués et les désarticule pour donner place aux voix des habitants de la banlieue. Alors qu’on entend également les voix des politiciens et autres figures de l’autorité impliquées, ce sont les habitants du quartier qui tiennent une place prépondérante dans ce montage. En les entendant, on est témoins d’une pluralité d’avis. C’est précisément ce travail de dissection, de fragmentation des archives et de dépouillement qui, reconstruites par le montage, nous donnent à voir un univers plus complexe, pluriel, loin des simples antagonismes.
- Virgil Vernier / Petit Film
Le montage fait un état des lieux d’objets et corps violentés. Comme dans un musée, on parcourt des fragments que l’on commence à lier les uns aux autres. Le récit trace bien une montée rythmique vers le paroxysme de la violence : on répond à la violence avec plus de violence. Le deuil, la paix et d’autres droits alors considérés acquis (école, maison, voiture, libre déplacement), sont pris entre des feux croisés.
- Virgil Vernier / Petit Film
Par son aspect formel, ce court-métrage nous fait penser aux théories de langage de Ferdinand de Saussure ou à celles du montage de Sergueï Eisenstein (voire aussi à Marker et Godard). Il se réfère également, par son discours, aux couvre-feux et certaines problématiques sociales toujours d’actualité — mais nous invite surtout, à réinventer nos propres discours.
- Virgil Vernier / Petit Film
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