La belle équipe
Le 4 mars 2024
Une "belle équipe" d’aujourd’hui dans une banlieue pas trop crédible, mais Jolivet sait raconter une histoire et ses acteurs ont du talent, c’est déjà pas mal.
- Réalisateur : Pierre Jolivet
- Acteurs : Éric Prat, Adrien Jolivet, Mhamed Arezki, Vincent Grass, Yannick Nasso, Naidra Ayadi, Nicolas Marié, Nathalie Richard, Michel Fortin, Abbes Zahmani, Guilaine Londez, Nada Strancar, Maka Kotto, Pierre Diot
- Genre : Comédie, Teen movie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Bac Films
- Editeur vidéo : BAC Vidéo
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 31 août 2005
- Festival : Festival de Cannes 2005
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Zim n’a pas le choix : pour échapper à la prison après un accident de scooter où il percute une voiture, il doit rapporter au juge un contrat de travail en bonne et due forme. Zim prétend avoir permis de conduire et véhicule pour décrocher un job : il ne lui reste plus qu’à se procurer une voiture et à passer le permis... c’est le défi qu’il relève avec ses amis.
Critique : Zim and co est de ces histoires qui ne peuvent pas finir mal. Happy end obligée, pronostiquée, comme écrite dans le destin (momentanément) galère du Zim en question. Le temps de planter le décor, et une tension s’installe (que l’on se gardera bien néanmoins de confondre avec le suspense) : notre gentil héros échappera-t-il aux griffes de la fatalité banlieusarde ? Le point culminant étant atteint dans le bureau d’une juge de banlieue éberluée par le récit de notre Ulysse du "neuf-trois" (ou "quatre", Jolivet se souvient de son adolescence dans le Val-de-Marne) : les mille ruses pour échapper à la prison auront-elles raison du fatum gris, bétonné et tagué entre immeubles déglingués et petites arnaques entre potes ?
Et c’est bien là ce qui sauve le film de Pierre Jolivet : il sait raconter une histoire. Ni Homère ni Scorsese, mais tout bonnement, benoîtement même à voir l’angélisme un peu abusif de son regard sur l’humanité, l’histoire de la famille (amis et parents confondus) qui protège l’individu du monde mauvais (plutôt Spielberg en somme...). Sans la vanité coquette d’un Kassowitz, sans besoin dévorant de se démarquer (peu d’originalité) ni beaucoup d’ambition, mais avec ce qu’il faut de justesse pour éviter la plantade. C’est déjà pas mal.
Certes, les juges sont des agneaux râleurs mais lucides, les dealers des hommes curieux qui veulent le bien de leur prochain, les flics sont appelés ailleurs au bon moment, et les parents sont (presque) tous tendres et affectueux avec leur progéniture. On pourrait presque deviner la question qui tracasse secrètement notre auteur : Comment parler de la banlieue sans déprimer ce cher public ? En racontant une histoire peu crédible, mais peu importe : ce qui compte c’est cette "belle équipe" d’aujourd’hui et son équipée contre le racisme, le chômage et toutes ces choses tellement lourdes et réelles. Zim and co. est tendu entre ces deux pôles contradictoires : montrer une réalité déprimante (banlieue = chômage) et raconter une tranche de vie pleine d’amour, d’amitié et d’humour. Le pari de la désinvolture ? Pas si simple, car l’intention de réalisme est bien là, avec laquelle Jolivet ne transige que superficiellement, pour les besoins d’un cinéma qui doit à tout prix éviter de se prendre au sérieux. Le résultat est mitigé, à l’image de cet entre-deux entre tristesse et bons sentiments : une bonne équipe de comédiens (qui ont la bonne idée, à plusieurs reprises, de réclamer qu’on coupe la bande-son...) dans un film qui parvient à ne pas se prendre la tête. Fût-ce au prix de la crédibilité : l’important en somme est de sauver la petite entreprise humaine, amicale et protectrice qui reste le meilleur rempart contre les coups du destin.
Passons donc sur les allusions répétées et pas toujours subtiles aux couleurs (black-blanc-beur) ; passons aussi sur les quinze premières minutes fatigantes où les coups d’épaule abrupts du caméraman sont là sans doute pour figurer l’énergie de la jeunesse (?) : l’énergie de Zim and co. est ailleurs, dans le talent des acteurs (Adrien Jolivet, Mhamed Arezki et la charmante Naidra Ayadi) et la chance qui leur est donnée de l’exprimer librement.
Le DVD
Le(s) supplément(s) à ne pas rater : Un making of d’une quarantaine de minutes revient sur le dernier film de Pierre Jolivet. Avec efficacité, il montre certaines étapes de la fabrication de Zim and co.. On y découvre une bonne ambiance collective sur le tournage, les choix artistiques du réalisateur sur les scènes clés, ou encore le travail de l’équipe technique pour régler un plateau. Instructif sans être renversant.
Image & son : Rien d’extraordinaire avec cette édition qui ne mettra pas à rude épreuve votre installation. Toujours est-il que le résultat est de qualité avec une image dynamique servie par des couleurs naturelles. Le Dolby Digital 5.1 met en avant comme il se doit les dialogues, sans oublier pour autant l’ambiance urbaine et ses agressions sonores.
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.