Le 10 mai 2021
Pas de quoi s’enflammer.
- Réalisateur : Pierre Jolivet
- Acteurs : Émilie Dequenne, Roschdy Zem, Michaël Abiteboul, Guillaume Labbé, Grégoire Isvarine
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Français
- Distributeur : Universal - StudioCanal
- Durée : 1h30mn
- Date télé : 8 avril 2024 21:00
- Chaîne : OCS Max
- Date de sortie : 5 juillet 2017
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Résumé : Philippe, 45 ans, dirige une caserne dans le Sud de la France. L’été est chaud. Les feux partent de partout, criminels ou pas. Arrive Bénédicte, adjudant-chef, même grade que Xavier, un quadra aguerri : tension sur le terrain, tensions aussi au sein de la brigade... Plongée dans la vie de ces grands héros : courageux face au feu, mais aussi en première ligne de notre quotidien.
Critique : Devenir pompier, voilà un rêve qui a bercé des générations de petits garçons. Le respect et l’admiration qui continuent d’entourer ce métier sacerdotal demeurent d’ailleurs intacts. Pierre Jolivet, qui a eu affaire à ces hommes du feu lors de deux accidents graves de la route et dont la mémoire reste marquée par un incendie qui, en 2012, a ravagé 400 hectares de terres au Plan d’Orgon, décide de rendre hommage à ces hommes valeureux. Il signe en 2015 avec Jamais de la vie une superbe chronique pleine d’humanité et de justesse sur la misère ordinaire. La sensibilité sociale dont il peut faire preuve, incontestablement mise à jour lors de ses précédents tournages, nous permettait d’espérer un film maîtrisé et fort. Mais finalement il nous laisse désappointés face à un pseudo-reportage d’une banalité déconcertante sur les différentes activités des soldats du feu. Rien que l’on ne connaisse déjà !
- Copyright 2.4.7 Films/Roger Arpajou
Si noble soit l’envie de porter aux nues ces personnages courageux, force est de constater qu’il n’existe que peu d’aspérités auxquelles s’accrocher face à ce corps de métier à la réputation parfaitement lisse. On ne peut rien reprocher aux pompiers, confirme le scénariste réalisateur. Leurs actions héroïques n’autorisent effectivement aucune polémique. En nous installant au cœur d’une caserne, il nous transforme en spectateurs passifs juste bons à suivre de manière détachée leurs joies (un enfant pressé de découvrir la vie naît dans leur camion) ou leurs misères quotidiennes (une femme qui s’est pendue dans sa robe de mariée, une autre battue par son mari). En sportifs aguerris qu’ils sont, ils nous feront la démonstration de leur dextérité à mettre hors d’état de nuire les gredins qui usurpent leur identité pour tenter d’extirper quelque argent à la population reconnaissante, à coup de fausses quêtes. Si irréprochables soient-ils, ils n’en sont pas moins faillibles. Et même s’ils ne redoutent pas de braver la nuit et les intempéries pour voler au secours de conducteurs imprudents, il arrive que quelques ingrats n’hésitent pas à porter plainte contre eux en cas d’erreur. Car oui bien sûr, ces héros sont avant tout des êtres humains avec leurs failles et faiblesses. Ils doivent composer avec une vie privée remplie de zones d’ombre, de moments de doute, de larmes et de conflits. Mais n’est ce pas le cas de ces professions où la notion de passion l’emporte largement sur celle du labeur ?
- Copyright 2.4.7 Films/Roger Arpajou
Sans doute une étude approfondie des motivations de ceux qui se portent volontaires pour aller éteindre un feu ou sauver des vies, juste par altruisme, aurait apporté un réel sens à ce récit juste démonstratif. Ce ne sont pas les quelques propos basiques sur le désir de cet enfant de banlieue de sortir de sa condition ou de cette fille mal dans sa peau condamnée à se rendre utile pour exister qui parviendront à nous convaincre, pas plus que l’éternelle ambivalente attirance pour le feu du pompier supposé pyromane.
Certes, l’athlétique Roschdy Zem à la virilité certaine dans cet uniforme seyant à souhait fera chavirer le cœur des amatrices d’hommes purs et durs. Mais l’extrême protection dont il ne manque pas d’entourer la supposée fragile femme du contingent face à l’affreux machiste qui ne supporte pas d’être sous le commandement d’un élément féminin fera à coup sûr frémir les plus féministes d’entre nous. Et puisque la caserne est le creuset de la solidarité et de la tolérance, on n’oubliera pas d’y souligner l’arrivée d’un homosexuel dans ce monde d’hommes à la carrure militaire. Une telle accumulation de clichés nuit gravement au parti pris de cette glorification à tout crin. Si aucune étincelle ne parviendra à déclencher l’embrasement de nos sens, il restera néanmoins dans nos mémoires ces images à la fois terribles et fascinantes des scènes d’incendies reconstituées avec réalisme et maestria. Si le feu nous fascine depuis la nuit des temps, c’est sans doute parce qu’il est intrinsèquement indomptable. Pourtant, la fougue et la puissance qu’il dégage font bien défaut à ce récit qui lui est consacré.
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