On oublie cette promesse !
Le 19 janvier 2017
Mieux qu’un Hong Sang-soo de plus - ce qui suffirait déjà à notre bonheur ! Le ton est plus grave et l’humour débouche sur une paradoxale émotion.
- Réalisateur : Hong Sang-soo
- Acteurs : Yu Jun-sang, Kim Ju-hyuk, Lee Youyoung, Kim Euisung
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Sud-coréen
- Durée : 1h26mn
- Titre original : Dangsin Jasingwa Dangsinui Geot
- Date de sortie : 1er février 2017
- Plus d'informations : Le site du distributeur
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– Prix du Meilleur réalisateur, Festival de San Sebastian
Résumé : Le peintre Youngsoo apprend que sa petite amie Minjung a bu un verre avec un homme et s’est battue avec lui. Le couple se dispute et Minjung s’en va, déclarant qu’il est préférable qu’ils ne se voient plus pendant un certain temps. Le lendemain, Youngsoo part à sa recherche, en vain. Pendant ce temps, Minjung (ou des femmes qui lui ressemblent) rencontre d’autres hommes.
Notre avis : Les films de Hong Sang-Soo se suivent à un rythme soutenu (celui-ci est le 18ème, le 19ème est au progamme de la Berlinale 2017, et le N°20, La caméra de Claire, est en post-production) qui alimente pour les assidus (comment ne pas l’être !) un phénomène d’addiction se nourrissant à la fois d’un sentiment de familiarité (c’est toujours un peu la même chose) et d’un effet de surprise permanente (c’est toujours inattendu, voire déroutant).
Dans cette nouvelle variation l’effet de surprise est peut-être plus marqué que d’habitude et se manifeste dès le générique : la petite musique entraînante, signée Dalpalan, est plus corsée, plus dramatique que celles auxquelles nous ont habitués les films précédents et le carton qui sert de fond d’écran est moins pimpant, semblant annoncer une tonalité plus grave que d’habitude. La suite confirmera cette impression sans que l’humour perde pour autant ses droits.
En effet, on s’amuse toujours autant à entendre les personnages se dire sans sourciller des choses désagréables (vous n’alliez pas très bien ensemble !), de préférence en se retranchant derrière des on-dit (C’est ce qu’on raconte !) ou au contraire se faire des compliments embarrassants et à constater leur propension à se livrer sans complexes aux excès de l’alcool (Si on buvait à mort ?).
- (C) Les Acacias
On se laisse toujours surprendre par la manière dont une scène peut se retourner du tout au tout (la violente altercation entre les deux hommes dans le café qui se transforme en évocation émue de souvenirs communs d’années de lycée) ou laisser partir les personnages pour rester avec une vendeuse qui déshabille un mannequin dans une vitrine en commençant par lui enlever les bras (A-t-on déjà vu ça au cinéma ? ).
Le jeu sur la duplicité du réel (Tu n’est vraiment pas Minjong ?) et l’indécision entre rêve et réalité (un premier happy-end qui s’achève sur Aimons-nous ! - mais le réveil est rude !) sont aussi déroutants et jubilatoires mais peut-être plus troublants encore qu’à l’accoutumée. Surtout, la dimension émotionnelle prend ici une importance inédite, cette émotion étant renforcée encore par la dose de ridicule (l’homme aux béquilles qui pleure à répétition) et d’autodérision (Buvons aux hommes pathétiques !) qui l’accompagnent.
- (C) Les Acacias
On est au final ravi une nouvelle fois par la désarmante simplicité de la démarche, cette manière à la fois malicieusement candide et innocemment retorse d’assumer la banalité (C’est douillet chez vous) et plus que jamais ému par des personnages pas forcément sympathiques au départ (lui qui cherche à tout contrôler, jusqu’à compter le nombre de verres qu’elle boit et à la lier par des promesses ; elle dont on se demande quel jeu elle joue ; les autres qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas) mais qui révèlent bien vite une touchante vulnérabilité (elle, encerclée par les loups ; lui, s’avouant complètement perdu et acceptant de rejouer le jeu de la première fois) .
Allons au resto où vous avez pleuré dit la fausse (?) Minjung à celui qui ne se console pas d’avoir perdu la vraie.
Eh bien oui : allons-y !
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