Le 7 juin 2018
- Scénariste : Brian K. Vaughan>
- Dessinateur : Steve Skroce
- Coloriste : Matt Hollingsworth
- Collection : Urban Indies
- Genre : Science-Fiction
- Famille : Comics
- Date de sortie : 22 juin 2018
L’auteur de Saga livre une critique des guerres américaines à travers un récit d’anticipation dans lequel le Canada (sur)vit sous l’occupation des États-Unis.
Résumé : Dans un futur proche, les États-Unis envahissent le Canada, dernière grande réserve d’eau naturelle. Face à l’adversaire, la résistance canadienne s’organise. Mais que faire lorsque votre agresseur possède une avance technologique qui renvoie vos lignes de défense à l’âge de pierre ? S’engage une lutte sans pitié pour la liberté dans laquelle il faut être prêt à tous les sacrifices, même les plus abjects, pour voir votre cause triompher.
Publiée outre-atlantique courant 2015, la série de six tomes We stand on guard fit beaucoup de bruit à sa sortie. Il faut dire que le projet attise la curiosité. Le talentueux Brian K. Vaughn (Y, le dernier homme, Saga, Paper girls) qui s’attaque à un récit d’anticipation centré sur la résistance canadienne lors d’une invasion états-unienne en 2122, ça vaut le coup d’œil. La base du concept est inspiré d’un fait historique, la création en 1930 d’un plan d’invasion du Canada concocté dans un contexte de brouille entre les États-Unis et la Grande-Bretagne.
Urban sort aujourd’hui l’intégralité de cette courte saga dans une belle édition.
On suit le personnage d’Ambre, une enfant se battant pour la survie dans un Canada dévasté avec son jeune frère. Le partie pris de suivre le déroulement de cette fresque de l’intérieur et du point de vue d’un enfant par ailleurs, permet de donner immédiatement un encrage au lecteur. On s’attache sans mal à cette enfant dont la perte des parents dans l’attaque surprise ouvre l’intrigue. Pas le temps de gamberger, on est tout de suite plongés dans l’action et dans l’urgence du moment. La narration est découpée de façon classique entre les événements présents et les flashbacks relatant la jeunesse du personnage. Le procédé permet de mieux comprendre comment Ambre a développé la capacité de survie dont elle fait preuve à mesure que sa figure héroïque émerge. La concentration des événements sur une très courte durée, en quasi temps réel, donne ce rythme effréné au récit et rend la lecture très plaisante. L’ensemble se lit assez rapidement et il est difficile de s’arrêter.
Nous avons affaire avant tout à un comics de guerre et l’anticipation n’est ici qu’un vernis permettant de se démarquer d’un contexte trop réaliste. Les auteurs favorisent l’immersion et les trajectoires de personnages plutôt que le contexte géopolitique. C’est via la lisibilité immédiate d’enjeux simples et à taille humaine qu’ils s’émancipent de toute forme de naïveté politique. La critique de l’impérialisme américain et de ses dérives (sacrifice, torture, pillage des ressources) est ainsi formulée via le prisme de la souffrance des individus, peu importent leur camps, leur idéologie ou la noblesse de leur combat. C’est toute la réussite de cette série, prendre le contre-pied de l’angélisme habituel de ce genre de comics et livrer une intrigue sans concession. Les stratégies préventives et les mécanismes auto-réalisateurs sont au cœur du récit. Faire des États-Unis le grand méchant de l’histoire sert justement l’universalité du propos, sachant qu’il est avant tout destiné aux lecteurs américains.
Les illustrations efficaces de Steve Skroce permettent de soutenir la cadence narrative notamment grâce un découpage précis des scènes d’action. Le sens du détail apporté aux paysages post-apocalyptiques et aux détails technologiques donnent corps à l’univers de science-fiction. On peut regretter le traitement sur les expressions des visages de certains personnages qui manquent cruellement de nuance. C’est le genre de détails apportant de la profondeur qui font la différence entre une bonne et une excellente BD. Nul doute que cet album navigue entre les deux.
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