Un homme en fuite
Le 25 mai 2013
Cette biographie officielle, réalisée à l’occasion du centième anniversaire de la naissance du compositeur mais qui évite de placer l’artiste sur un piédestal, est une excellente surprise.


- Réalisateur : Carl Froelich
- Acteurs : Miriam Horwitz, Manny Ziener, Olga Engl, Giuseppe Becce, Ernst Reicher
- Genre : Biopic, Historique, Musical
- Nationalité : Allemand
- Durée : 1h40mn
- Titre original : Richard Wagner - Eine Film-Biographie zur Feier der 100. Wiederkehr des Geburtstages des Meisters
- Plus d'informations : http://videos.arte.tv/fr/videos/ric...

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– Première le 13 mai 1913, Berlin, U.T. Friedrichstraße
Cette biographie officielle, réalisée à l’occasion du centième anniversaire de la naissance du compositeur mais qui évite de placer l’artiste sur un piédestal, est une excellente surprise.
L’argument : Ce Richard Wagner a été tourné à l’occasion du centième anniversaire du compositeur. Présenté sous forme de "tableaux vivants", le film retrace les étapes marquantes de la vie du musicien : études, premier contrat, succès et échecs à Dresde, rencontre avec Louis II de Bavière qui sera son mécène...
Notre avis : Ce n’est pas sans quelque appréhension qu’on aborde cette biographie de Wagner tout à fait officielle, produite en 1913 par la Messter Film GMBH à l’occasion du centième anniversaire de la naissance du compositeur, alors que sa veuve Cosima, gardienne du temple, était encore vivante (elle n’est décédée qu’en 1930).
- Wagner (1913)
On s’attend à une vie de génie convenue, une hagiographie raide et empesée présentant sous forme de chromos illustratifs le parcours de l’artiste longtemps incompris sous forme de chemin de croix semé d’embûches.
Or la vision du film de Carl Froelich est une excellente surprise, le scénario évitant dans une large mesure le surlignage édifiant et la mise en scène privilégiant le sens du pittoresque, voire de l’humour, et la vie du plan à la dictature du sens unique.
Le compositeur Giuseppe Becce, qui a également réalisé une arrangement musical habile, est un Wagner étonnamment ressemblant, malingre et peu enclin au postures héroïques.
- Manny Ziener (Minna Planer, au fond), Giuseppe Becce (Richard Wagner) et Miriam Horwitz (Mathilde Wesendonck) dans Wagner (1913)
Le musicien apparaît souvent dans le film comme un homme en fuite, poursuivi par les créanciers (en raison de son goût immodéré du luxe) ou la police politique (car ingénument révolutionnaire). L’interprétation et la mise en scène savent susciter un sentiment de fragilité, d’exposition aux vicissitudes de la vie, et faire naître la sympathie du spectateur sans recourir à une dramatisation trop appuyée.
- Wagner (1913)
La séquence de la fuite du jeune Kapellmeister et de son épouse hors de Russie est un bel exemple d’utilisation de l’espace en extérieur (les fuyards qui traversent l’écran au premier plan alors qu’on voit, au fond, les soldats les chercher dans un vaste paysage presque désert) et le film révèle une vraie sensibilité de cinéaste (approche météorologique, présence des corps et des visages, respiration ample) qui ne s’accorde pas avec la réputation d’artisan solide mais sans envergure particulière de Froelich.
Décidemment le cinéma allemand de l’époque wihhelminienne n’a pas fini de révéler ses trésors longtemps insoupçonnés.
- Giuseppe Becce (Richard Wagner) et Miriam Horwitz (Mathilde Wesendonck) dans Wagner (1913)