Le 13 avril 2022
Vortex est le récit brut et sans concession de la dégénérescence du cerveau liée au vieillissement. Un exercice de style courageux, mais définitivement trop macabre.


- Réalisateur : Gaspar Noé
- Acteurs : Françoise Lebrun, Alex Lutz, Dario Argento, Kamel Benchemekh, Joël Clabault
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Wild Bunch Distribution
- Durée : 2h22mn
- Date télé : 9 février 2023 23:10
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Date de sortie : 13 avril 2022
- Festival : Festival de Cannes 2021

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Résumé : Les derniers jours d’un vieux couple d’amoureux séniles.
Critique : On a beaucoup montré au cinéma la dégénérescence du cerveau liée au vieillissement, mais sur un mode généralement décalé ou touchant. Gaspar Noé entreprend pour sa part un projet de film qui refuse la compassion et les effets de style. Il va à la rencontre d’un couple âgé, au bord de la mort, qui se débat en silence contre la peur de perdre son autonomie physique et mentale, contre l’angoisse du "déraillement complet". L’écran est coupé en deux, pour mieux appréhender le repli de solitude des deux personnes, qui luttent chacun à sa manière contre elles-mêmes. Vortex est un film brut, violent, sur ce qui attend un grand nombre d’êtres humains au moment de la vieillesse, c’est-à-dire la démence, le ralentissement du corps et le délabrement cognitif.
- Copyright Wild Bunch Distribution
Le cinéaste ouvre son film sur le générique de fin, comme si l’issue était déjà annoncée avant même de commencer son récit. Il n’y a pas d’histoire, simplement un couple âgé qui se réveille le matin et se perd peu à peu dans les limbes d’une mort annoncée. Le fils, camé, incertain, irresponsable, tente de les faire prendre en charge dans une clinique spécialisée. En vain. Si la mort doit advenir, elle aura lieu dans le spectacle quotidien de cet appartement parisien, devenu un capharnaüm monstrueux. On se souvient de Françoise Lebrun pour ses rôles chez Eustache. Or, justement, Noé filme à la manière de ce réalisateur. Il compose une réalité noire, sans ornement, qui repose sur le peu d’autonomie qui subsiste chez ces deux êtres. En face de l’actrice, il y a Dario Angento. Celui-ci fait le comédien en interprétant un vieux théoricien du cinéma, qui s’épuise à faire croire que sa parole compte encore dans l’univers intellectuel de l’art.
- Copyright Wild Bunch Distribution
Gaspar Noé est un cinéaste qui affectionne particulièrement le jeu sur les couleurs, les lumières et les sons. Chacun de ses films constitue une réinvention de l’esthétisme au cinéma. Cette fois, il offre une mise en scène dépouillée, brutale, qui ne cède à aucune fantaisie dans cette appréhension de la sénilité. La matière est sombre, anxiogène, lente, en référence au ralentissement moteur et cognitif des deux personnages, dans un univers morose et sans espoir où la sénilité côtoie l’extrême précarité et la consommation de drogues dans les quartiers nord de Paris. Cette vision apocalyptique et dépressive du monde est certes réelle, mais sans doute qu’au cinéma, on attend de voir sur un écran une part réinventée de la vie et pas ce que l’on sait déjà trop bien.