« Climax » : deux affiches supplémentaires et une bande-annonce internationale pour le prochain voyage hallucinatoire de Gaspar Noé

Gaspar Noé est l’un des derniers réalisateurs en activité affilié à la génération turbulente et prometteuse, révélée dans les années 90, qui aimait à discourir, dans leurs œuvres, au propos de sujets plus ou moins brûlants au sein d’une esthétique soignée, octroyant ainsi à la production cinématographique hexagonale un souffle neuf et salvateur.
Parmi ces artistes – Kounen, Kassovitz, Dupontel, Jeunet et Caro –, il se montrait le plus radical, ne se gênant aucunement pour faire de ses œuvres des vecteurs en puissance de sensations plutôt que d’émotions, qui se voulaient plastiques plus que théoriques, observations de pulsions antinomiques et extrêmes – vie et mort principalement – se rejoignant dans la force déchaînée de leur expression, délaissant tout message moral ou narration classique pour se façonner comme unique objet à ressentir, à vivre, à expérimenter comme l’on expérimenterait quelque substance hallucinogène – effets secondaires compris.

Gaspar Noé envoie le son avant le sang (c) Wild Bunch Distribution 2018

En une vingtaine d’années de carrière, le cinéaste est demeuré fidèle à lui-même ainsi qu’à son cinéma propre et reconnaissable entre mille : esthétique couleur sang dirigée par le chef opérateur Benoît Debie, mouvements de caméra alambiqués et ostentation volontairement explicite d’actes humains pulsionnels, qu’ils soient emplis de noirceur – le viol ou la violence extrême – ou d’amour – le sexe –, Gaspar Noé se faisant l’observateur, le transcripteur de l’animalité présente en l’homme et, par là-même, le héraut d’une libéralisation du contenu de l’image.
Climax résonnait par conséquent comme le titre le plus adéquat pour une filmographie qui ne compte que de ces instants culminants, lorsque l’émotion atteint son faîte, créant un vertige sensoriel, presque physique chez le spectateur – qui se laissera emporter avec ardeur ou bien répudiera pareils flux de vie intense.

(c) Wild Bunch Distribution 2018

À l’instar de tout film de Noé, l’existence de Climax – dont le titre même était incertain – ne fut révélée que tardivement, après son court et discret tournage – une quinzaine de jours – quelques temps avant sa première mondiale à Cannes – une habitude pour le réalisateur depuis son long-métrage inaugural Seul contre tous sélectionné à la Semaine de la Critique ; Irréversible ainsi que Enter the void avaient eu le prestige de la Sélection officielle ; Love, lui, avait seulement été présenté en Séance de minuit –, cette fois-ci à la Quinzaine des Réalisateurs, d’où il est reparti avec des critiques globalement élogieuses (dont la nôtre) et le prix CICAE Art Cinema Award dans son escarcelle.

(c) Wild Bunch Distribution 2018

Affiche française

Le long-métrage, très attendu, qui se veut comme une ascension effrénée suivie d’une chute vertigineuse, se pare de deux affiches, et dévoile une bande-annonce destinée au marché mondial, qui révèle plus encore la trame générale de cette soirée qui se mue en cauchemar. Dérangé et pulsionnel, incandescent et violent : un concentré du cinéma de Noé qui renforcera les adeptes dans leur foi, et repoussera plus encore tous ceux qui lui sont hostiles.