Avant Copernic
Le 26 août 2010
Dix courts-métrages en ferraniacolor font revivre le monde des paysans et des pêcheurs du sud de L’Italie tel qu’il existait encore dans les années 50. Témoignages inestimables d’une culture millénaire maintenant disparue mais surtout formidable regard poétique sur le monde.
- Réalisateur : Vittorio de Seta
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Italien
- Editeur vidéo : Carlotta Films
- Plus d'informations : http://www.carlottavod.com/film-591...
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– Durée : 1h41mn
– Titre original : Vittorio de Seta : Il mondo perduto
– Sortie vidéo : le 22 septembre 2010
Dix courts-métrages en ferraniacolor font revivre le monde des paysans et des pêcheurs du sud de L’Italie tel qu’il existait encore dans les années 50. Témoignages inestimables d’une culture millénaire maintenant disparue, mais surtout formidable regard poétique sur le monde.
L’argument : 10 courts-métrages réalisés par Vittorio De Seta entre 1954 et 1959 dans le Sud de l’Italie. Véritables témoignages du temps passé, ces œuvres exceptionnelles réalisées avec peu de
moyens placent le réalisateur entre le documentarisme de Robert Flaherty et le cinéma
anthropologique moderne de Jean Rouch. Qu’il s’agisse de paysans, mineurs, pêcheurs ou
bergers, Vittorio De Seta s’accorde à saisir le dur labeur des métiers ancestraux avec lyrisme et au rythme des chants populaires.
– Le Temps de l’espadon (1954 - Couleurs - 10 mn)
Au retour des beaux jours, les hommes partent à la pêche à l’espadon dans le détroit de Messine...
– Îles de feu (1954 - Couleurs - 9 mn)
Au nord de la Sicile, le Stromboli et les îles Éoliennes se dressent sur la mer, menaçant la vie de
l’homme...
– Soufrière (1955 - Couleurs - 9 mn)
Le centre de la Sicile regorge de mines de soufre. Une invisible tragédie se joue dans les entrailles de
la terre...
– Pâques en Sicile (1956 - Couleurs - 8 mn)
À Pâques, la mort et la résurrection du Christ sont reconstituées dans les villages autour de Messine,
Caltanissetta et Enna...
– Paysans de la mer (1956 - Couleurs - 9 mn)
Au large des côtes siciliennes, les pêcheurs attendent le thon qui, depuis des millénaires, suit la même
route...
– Parabole d’or (1955 - Couleurs - 9 mn)
La moisson en Sicile intérieure. Sous une chaleur écrasante, on récolte enfin les fruits d’une année de
labeur...
– Bateaux de pêche (1958 - Couleurs - 10 mn)
Des pêcheurs bravent les flots entre la Sicile et l’Afrique. En cas de tempête, ils s’abritent sur l’île de
Lampedusa...
– Bergers d’Orgosolo (1958 - Couleurs - 10 mn)
Sur le mont d’Orgosolo, en Sardaigne, de rares bergers guident leurs troupeaux dans un climat
rugueux...
– Une journée en Barbagie (1958 - Couleurs - 9 mn)
Les bergers partis avec leurs troupeaux, les femmes travaillent au village et s’occupent du bois, des
champs et du pain...
– Les Oubliés (1959 - Couleurs - 17 mn)
En Calabre, la route de montagne s’interrompt brutalement : il faut faire 15 kilomètres à pied pour se
rendre à Alessandria del Carretto. L’hiver fini, le village revit à l’occasion de la "Fête du Sapin", une
tradition païenne ancestrale...
Notre avis : Entre 1954 et 1959 le palermitain Vittorio de Seta filma en Sicile, en Calabre et en Sardaigne le travail,
les fêtes ou la vie quotidienne des paysans, pêcheurs, bergers ou ouvriers des mines de souffre, sans savoir que le monde dont il conservait ainsi l’empreinte sur sa pellicule 35mm et Ferraniacolor était sur le point de disparaître, emporté par le boom, le miracle économique, et l’exode massif vers le Nord industriel.
L’émotion vive que procure la vision de Vittorio de Seta : Il mondo perduto, compilation de dix courts métrages magnifiquement restaurés, est donc avant tout celle du choc ressenti face à un inestimable témoignage d’une culture ancestrale et irrémédiablement révolue. Car, comme le dit l’auteur, le passage de cet univers au notre est comparable à la révolution copernicienne.
C’est d’ailleurs en se voyant à l’écran que ces paysans, qui au départ ne comprenaient pas l’intérêt qu’il y avait à venir les filmer, se rendaient compte qu’ils avaient une véritable culture (et omettaient de retourner les copies prêtées par le cinéaste).
De Seta observe ce monde rude avec un respect total et ne cherche à aucun moment à mettre ses images au service d’un discours préconçu. Le montage, extrêmement élaboré, privilégie les plans très courts et ne fait pourtant pas violence aux actions filmées dans leur intégrité et jamais surplombées d’un commentaire. C’est le son non synchrone , capté sur place mais rajouté après coup, qui donne aux films leur rythme et leur ossature. La musique n’intervient qu’à de rares moments, et uniquement sous forme de chants populaires captés sur place.
Ce travail de montage à l’exquise minutie artisanale participe de manière déterminante au surgissement de la poésie intense qui se dégage de ces films, aussi éloignés du misérabilisme que de l’idéalisation. Poésie due bien sûr au regard de Vittorio de Seta sur ce qu’il filme et aussi à la magie des teintes sombres et irréelles du procédé Ferraniacolor.
Le test DVD
C’est un événement éditorial majeur que cette publication impeccable qui restitue ces films dans toute leur splendeur et nous livre en bonus un passionnant entretien avec l’auteur. Brava Carlotta ! (E brava la Cineteca di Bologna !)
Les suppléments
Juste ce qu’il faut : dans une interview de 18mn, réalisée en 2008 par Gianluca Farinelli et entrecoupée d’extraits des films, Vittorio de Seta (né en 1923 et toujours actif) raconte sa découverte de la culture populaire du sud de L’Italie (grâce au service militaire) et explique sa méthode de travail, s’attardant en particulier sur le travail du son, pilier du montage à la moviola. Passionnant et indispensable.
Image
Splendide report qui permet d’apprécier la poésie intense du ferraniacolor et le prodigieux travail de restauration effectué par L’Immagine ritrovata.
Son
Son mono d’une grande présence. Bien entendu, ces prises réalisées au magnétophone trahissent les limites de la technique employée mais sont rendues ici dans leur immédiateté originelle et contribuent grandement à l’impact poétique des films. On ne saurait faire mieux.
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