Vera Drake

Bienvenue dans le monde déprimant de Mike Leigh.

L’argument : Vera Drake est une mère de famille exemplaire et totalement dévouée à son entourage. Pourtant, derrière son quotidien apparemment banal, Vera cache une activité secrète : elle aide certaines femmes à mettre fin à leur grossesse involontaire...

Notre avis : Une fois n’est pas coutume, le pessimisme de Mike Leigh fait des ravages dans Vera Drake qui a obtenu le Lion d’or lors du dernier festival de Venise (Imelda Staunton, actrice venue du théâtre, a reçu la coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine). Comme dans Naked, sans conteste son meilleur film, le cinéaste brosse un tableau social anglais au gré de situations très dramatiques où s’exprime la difficulté d’aimer. Sauf qu’ici, au-delà de ce qu’il raconte, son nouveau film pose une question intéressante : jusqu’où les personnes de votre entourage (amis, voisins, famille) sont prêtes à vous suivre si un jour vous commettez une erreur grave ? Et, par extension : leurs réactions si elles étaient amenées à découvrir une activité secrète, une zone d’ombre, un mensonge.
En prenant pour protagoniste Vera, femme respectable et accordée avec le monde, le réalisateur édifie à travers son portrait une parabole sur une société d’apparence et en creux décortique l’hypocrisie sociale sans verser dans le manichéisme, en peignant avec la même acuité ceux qui compatissent, ceux qui haïssent parce qu’ils se haïssent eux-mêmes et ceux qui ne comprennent pas.