Dans le terrier du lapin blanc
Le 14 décembre 2010
Avis aux amateurs, une des plus belles pages du cinéma fantastique s’est écrite en Tchécoslovaquie en 1970 : Malavida nous fait suivre en DVD la jeune et jolie Valérie dans un tiroir aux merveilles ouvert par un cinéaste virtuose de la Nouvelle Vague tchèque.
- Réalisateur : Jaromil Jires
- Acteurs : Jaroslava Schallerová, Helena Anýzová, Petr Kopriva
- Genre : Fantastique
- Nationalité : Tchèque
- Editeur vidéo : Malavida
- Plus d'informations : Le site du DVD
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– Durée : 1h16min
– Titre original : Valerie a týden divu
– Date de sortie DVD : le 10 décembre 2010
Avis aux amateurs, une des plus belles pages du cinéma fantastique s’est écrite en Tchécoslovaquie en 1970 : Malavida nous fait suivre en DVD la jeune et jolie Valérie dans un tiroir aux merveilles ouvert par un cinéaste virtuose de la Nouvelle Vague tchèque.
L’argument : Valérie est une jeune fille qui vit paisiblement avec sa grand-mère, dans un village d’Europe centrale. Jusqu’au jour où ses mystérieuses boucles d’oreille magiques disparaissent...
Notre avis : Une petite fille se promenant dans des jardins ensoleillés, des histoires fantastiques racontées à l’heure du thé, un « pays des merveilles » dans lequel on bascule en poussant simplement un meuble... Cela vous rappelle quelque chose ? Pourtant, malgré une traduction française très insistante - le titre original signifiant, littéralement, Valérie et la semaine des merveilles -, nous ne sommes pas dans une version cinématographique de l’Alice de Lewis Carroll, et encore moins dans son adaptation rassurante par Walt Disney. Si le film de Jireš, consciemment ou non, s’amuse sans cesse de cette référence lointaine à laquelle on ne peut s’empêcher de penser, il impose cependant un univers beaucoup plus trouble que ne pouvait l’être le terrier du Lapin Blanc. Valérie est à beaucoup d’égards un personnage d’enfant-femme : elle provoque les émois des hommes qui l’entourent, y compris ceux auxquels elle est liée par le sang, et qui sont prêts à renier leurs convictions morales et religieuses pour goûter de sa chair. Il est admirable que le film, fort de cette charge de violence et de sexe, parvienne à conserver une légèreté intacte ; la grâce s’incarne ainsi à l’écran dans la sublime et ingénue Jaroslava Schallerová, qui à quatorze ans se révèle une ode vivante à la photogénie.
Valérie au pays des merveilles appartient à ces joyaux du cinéma de l’Est qui ont essaimé dans les années 1960 et 70, en Russie, en Pologne, ou encore ici en Tchécoslovaquie ; loins d’un « cinéma du pauvre », ces films ont révélé autant de cinéastes qui ont inventé, avec les moyens techniques et humains dont ils disposaient, des univers visuels uniques. Grâce à la lumière virtuose de l’opérateur Jan Curik, Jireš filme un monde aux proportions étranges, tout en couleurs, où se rencontrent les folklores d’Europe centrale et les grands mythes psychanalytiques. A l’aube d’une décennie psychédélique, Valérie au pays des merveilles fait penser, comme le film culte de Jodorowsky La montagne sacrée, sorti trois ans plus tard, à une expérience ésotérique conduite sous l’effet d’hallucinogènes, et qui aurait viré au bad trip sensoriel. Pourtant, Jireš demeure jusqu’au bout maître de son voyage, dans ses effets d’accélération et de redescente ; le parcours du spectateur qui accompagne Valérie est à bien des égards ludique, et savemment agencé entre des phases d’énigme - où l’on cherche à démêler rationnellement les fils d’une intrigue familiale compliquée - et des moments de pur abandon à des expérimentations visuelles dont l’écran se fait le banc d’essai. Ce n’est pas que par la richesse de son univers fantastique que le film peut faire penser à un songe : de bout en bout, il en adopte la logique, la liberté de ton, et cet étrange mélange d’angoisse et de jubilation qui saisissent souvent les rêveurs (et les spectateurs) sur le point de s’éveiller.
Le DVD
Malavida poursuit sa collection tchèque avec un film culte... Défi relevé et réussi, car après de longues années d’attente, voici enfin une copie qui ne trahit pas ses promesses.
Les suppléments
Un livret de 24 pages, composé d’articles et d’interviews, ainsi qu’un CD de la bande-originale, accompagnent le DVD collector du film.
Image
Une copie très belle, qui permet de mettre en avant le travail sur la lumière et les couleurs du directeur de la photographie Jan Curik. Un contraste net et un grain léger viennent souligner la richesse de la pellicule.
Son
Deux pistes mono VO et VF correctes, qui frisent légèrement sur la musique : honorable pour cette version restaurée où l’univers sonore participe pleinement à l’ambition esthétique du film.
Galerie photos
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