Lointaine Turquie
Le 13 janvier 2004
Récompensé par deux prix à Cannes, Uzak tient pourtant le spectateur à distance...

- Réalisateur : Nuri Bilge Ceylan
- Acteurs : Muzaffer Özdemir, Emin Toprak
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Turc
- Durée : 1h50mn
- Date de sortie : 14 janvier 2004
- Festival : Festival de Cannes 2003

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– Année de production : 2002
Résumé : À Istanbul, un photographe, hanté par un sentiment de vide entre sa vie et ses idéaux, se trouve obligé d’accueillir chez un lui un jeune parent qui a quitté son village à la recherche d’un travail sur un bateau pour partir à l’étranger.
Critique : Uzak, en turc, signifie distant, lointain. Et jamais ce mot n’aura aussi bien décrit l’atmosphère générale d’un film, tout autant que la sensation qu’il peut provoquer sur le spectateur. Se voulant à la fois chronique sociale d’une Turquie en pleine déroute économique et critique acérée de l’individualisme de nos sociétés modernes, Uzak ne parvient en effet jamais à atteindre son but. La crise économique reste uniquement un fil rouge du film, Nuri Bilge Ceylan ne poussant pas la chronique plus loin. On est bien loin de ce que les cinéastes anglais savent faire quand ils dépeignent la détresse de leur société. Quant à la critique de l’individualisme, elle se résume essentiellement à l’accumulation de longues séances muettes entre des personnages, certes indifférents au sort de l’autre et des autres, mais sans le charisme suffisant pour faire entrer le spectateur dans leur jeu. La distance, volontairement mise en place entre les protagonistes pour alimenter le propos du film, s’installe rapidement entre l’œuvre fixée sur la pellicule et le spectateur. Reste un travail extrêmement soigné sur la photographie et les très belles images d’Istanbul sous la neige. C’est hélas trop peu pour éviter au spectateur de sombrer dans une certaine torpeur, et parvenir à le faire entrer dans un film dont il semble presque volontairement tenu à distance.
Notes : Uzak a été primé à deux reprises lors du Festival de Cannes 2003. Il a reçu le Grand prix et un double prix d’interprétation masculine.