Conte de la nuit
Le 15 avril 2023
Le spectateur à encore l’occasion de se perdre dans les tréfonds de l’âme humaine en compagnie du grand cinéaste turc.
- Réalisateur : Nuri Bilge Ceylan
- Acteurs : Taner Birsel, Yılmaz Erdoğan, Muhammed Uzuner
- Genre : Drame, Thriller, Road movie
- Nationalité : Turc, Bosniaque
- Distributeur : Memento Distribution
- Editeur vidéo : Memento Films
- Durée : 2h37mn
- Titre original : Bir Zamanlar Anadolu’da
- Date de sortie : 2 novembre 2011
- Plus d'informations : Acheter ce DVD
- Festival : Festival de Cannes 2011
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Résumé : Au cœur des steppes d’Anatolie, un meurtrier tente de guider une équipe de policiers vers l’endroit où il a enterré le corps de sa victime. Au cours de ce périple, une série d’indices sur ce qui s’est vraiment passé fait progressivement surface.
Critique : Sorti début novembre 2011, le Grand Prix du dernier Festival de Cannes (ex-æquo avec Le Gamin au vélo des frères Dardenne) a connu un beau succès d’estime en salles obscures, avec un cumul de près de 100 000 entrées en dix semaines. C’est un score largement honorable pour une œuvre aussi difficile (2h30 à tourner en rond dans la campagne turque, grosso modo), qui n’a même pas profité du même engouement post-Croisette que ses concurrents (novembre, c’est bien trop décalé par rapport au mois de mai...). Les spectateurs français qui l’ont découvert sur grand écran, sans doute partagés entre l’ennui et l’admiration, le sommeil profond et le rêve éveillé, auront tout de même vécu une aventure cinématographique hors-normes.
- © Memento Films
Quelques phares lointains trouant les ténèbres, balayant les steppes anatoliennes à la recherche d’un cadavre disparu : à partir de son faux argument policier, il n’en faut pas plus à Nuri Bilge Ceylan pour installer une atmosphère unique, entre émotion et sidération. Si l’on peut regretter que la seconde partie (diurne) ne soit pas à la hauteur de la première (nocturne), les longues minutes d’introduction d’Il était une fois en Anatolie confinent au sublime, enrobées dans un écrin formel d’une maîtrise indéniable. Mais ces images-là ne sont que la pommade appliquée à un récit désespéré, ployant sous la fatigue et le spleen. Avant d’être une splendeur esthétique, le film de Ceylan nous parle de l’Humanité, de ses faiblesses et de son absurdité, avec une acuité rare et un casting d’une justesse à toute épreuve. Beaucoup de questions demeurent sans réponses, et le mystère qui se dégage des êtres fait partie intégrante de la vérité de leurs portraits.
Expérience sensorielle envoûtante, virtuose conte de la nuit, Il était une fois en Anatolie est l’une des œuvres les plus singulières de 2011. S’il souffre de quelques longueurs, le long-métrage est relevé de dialogues cocasses (très finement écrits) et traversé de vrais instants de grâce qui restent longtemps en mémoire. Qu’on aime ou non le style aride de Ceylan, c’est un film indispensable pour tout cinéphile curieux de s’aventurer sur des terres peu défrichées.
- © Memento Films
Le test DVD
Les suppléments :
Grand film, petite édition. Un making-of d’une vingtaine de minutes, plutôt factuel, revient sur le tournage avec un regard neutre, sans trop d’emphase promotionnelle. Aux quelques interviews d’acteurs admiratifs, on préfèrera la description sèche du travail de Ceylan. Car l’équipe du film a dû faire face à une épreuve autrement plus redoutable que les conditions de tournage (parfois difficiles, mais peu détaillées ici) ou que la froideur des climats anatoliens : le réalisateur lui-même. Perfectionniste (accessoires, mouvements de caméra, répétition des plans) et pas toujours très tendre avec ses comédiens, Nuri Bilge Ceylan apparaît ici comme un démiurge exigeant, ne laissant rien au hasard, jusqu’à la maniaquerie parfois. Les images DV, même d’une qualité médiocre, rendent compte de la somptueuse lumière dorée qui nimbe la campagne turque. Du pain béni pour le directeur de la photographie, Gokhan Tiryaki…
Une bande-annonce et une fiche filmographique complètent les suppléments. Un petit livre-carnet de bord, qui ne nous est pas parvenu, est disponible pour les acheteurs du Blu-ray. Un complément qui devrait enrichir cette édition au contenu un peu sommaire.
L’image :
Un format 2.35 qui respecte les violents contrastes de la photographie et le chambardement des couleurs. L’image n’est pas transcendante pour autant, la faute à une définition parfois faiblarde. Le grain est flagrant dans les teintes sombres, ce qui est dommageable pour un long-métrage se déroulant majoritairement... de nuit. Un ensemble passable.
Le son :
Deux pistes en Dolby Stereo, chacune en VO sous-titrée français. Bien entendu, le 5.1. l’emporte haut la main grâce à son ampleur ; mais le 2.0 se tient très bien lui aussi. Dans les deux cas, la terrible scène d’autopsie finale, entièrement hors-champ, fait figure de test ultime : elle est rendue avec un sens du détail qui fait froid dans le dos. Des atouts indispensables pour une œuvre à l’environnement sonore aussi riche.
- © Memento Films
– Grand Prix au Festival de Cannes 2011
– Sortie DVD et Blu-ray : 6 mars 2012
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