Urban Wolf - Laurent Touil-Tartour - critique de la mini-série

Critique : La ville de Paris vue à travers ses caméras de surveillance. Elles sont partout : dans l’aéroport, le métro, les centres commerciaux, les angles de rue… impossible de passer inaperçu. Pour le personnage principal, c’est un peu plus inquiétant, puisque ces caméras le traquent. Il n’a aucune idée de qui peut lui en vouloir, ni même pourquoi. Il est cependant bien déterminé à lui, à leur échapper, car à travers ce dispositif de surveillance, c’est sa vie que l’on cherche à prendre. A chaque épisode, un lieu différent. Partout, la traque peut s’opérer. Le rapport de force est disproportionné, mais il y a un humain qui dirige le dispositif, c’est donc une guerre d’intelligence qui s’enclenche pour la survie.

Le thème de la chasse à l’homme n’est pas nouveau, mais la construction de la série lui confère son originalité. Les épisodes courts rappellent des quêtes de jeux vidéo, dans la mesure où chaque épisode se concentre sur un environnement. L’absence de dialogue dans la quasi-totalité des épisodes appelle à se concentrer sur l’action, comme pour mieux ressentir l’angoisse.

A travers les caméras, le réalisateur joue avec le regard et donc les ambiances. En ce sens, la série relève davantage du cinéma. En effet, les épisodes peuvent s’enchaîner, car l’intrigue reste la même. De nombreux emprunts au septième art sont d’ailleurs présents, aussi bien dans les sujets abordés que les plans de caméra : on pense bien évidemment à La mort aux trousses, mais aussi à James Bond, V pour Vendetta ou Minority Report. Le dernier épisode dénoue l’intrigue, là encore, de manière spectaculaire.

La série a véritablement été conçue pour les Etats-Unis et l’international : les plans de Paris sont reconnaissables, l’acteur est hongkongais et les épisodes sont en anglais. Le tout pour un scénario digne de Mission impossible. Mais la série n’est pas seulement un bon divertissement : elle interroge sur les relations internationales, le rapport à la surveillance généralisée, l’abondance d’images et le sens que l’on veut bien leur donner.

L’application, quant à elle, comprend de nombreux bonus : photos de tournages, storyboards, ainsi que les vidéos et revues d’actualités (en anglais), au moment de la sortie de cette production. On trouve aussi la biographie de ceux qui ont contribué au tournage. Souvent peu reconnus dans la diffusion des films ou séries, le monteur, le chef opérateur ou l’ingénieur du son retiennent ici notre attention, pour mieux explorer l’œuvre réalisée. Tout ceci rappelle qu’un objet audiovisuel est toujours le fruit d’un travail d’équipe, où chacun se trouve à sa place. Les collaborateurs sont d’ailleurs présentés par le réalisateur Laurent Touil-Tartour, qui explique comment ils ont été associés au projet.

Enfin, l’application propose également d’écouter la musique de la série, composée par Thierry Caroubi, primordiale dans la mise en scène des épisodes, puisqu’elle rythme l’action et renforce le suspense à chaque fois. Ces bonus permettent de mieux capter l’univers de la création de cette série, d’en saisir les codes de réalisation.

Cette production réalisée en 2009, témoigne de l’intelligence de sa réalisation et de son scénario, résonnant cruellement avec l’actualité. Son format singulier permet de nous immerger dans cette course-poursuite, où l’on doit regarder partout autour de nous, avant de cliquer pour lancer le prochain épisode...