Uniformes et jupons courts - Les cinq secrets du désert de Billy Wilder

L’argument : Uniformes et jupons courts : Après être venue saisir sa chance à New York, Susan Applegate rentre au pays. Prenant les traits d’une adolescente pour ne pas avoir à payer un ticket plein tarif, elle doit déjouer la vigilance des contrôleurs du train et trouve refuge dans le compartiment du major Kirby....
Les cinq secrets du désert : John Bramble, un caporal anglais, arrive seul et épuisé à une oasis. Dans cet endroit perdu où la vie ne semble pas avoir de prise, il rencontre Farid, un Egyptien gérant du seul hôtel et lieu habité de l’endroit. Ce dernier lui propose alors de prendre la place de Davos, le maître d’hôtel récemment décédé et ancien membre des services secrets allemands...

Notre avis : Belle idée que la réédition des deux premiers films hollywoodiens de Billy Wilder. Le cinéaste n’en était pas à son coup d’essai puisqu’il avait réalisé le très rare mais excellent Mauvaise graine, en 1934, avec une certaine... Danielle Darrieux (dix-sept ans au compteur) ! Chassé d’Europe par les nazis, Wilder trouve refuge à Hollywood, où il devient le brillant scénariste de Lubitsch, entre autres. Mais frustré par une position qu’il trouve ingrate, il obtient d’Universal la possibilité de passer derrière la caméra.

Si cela ne donne pas la réussite la plus brillante de son auteur, Uniformes et jupons courts trouve une place plus qu’honorable dans sa filmographie. Dans ce récit alerte et plaisant, le cinéaste pose déjà tous les jalons de son œuvre à venir. : usurpation d’identité et déguisements, obsessions sexuelles (la pauvre héroïne doit sans cesse lutter contre les assauts d’hommes de tous âges), brillance des dialogues, ironie des situations... Le tout forme une excellente comédie truculente servie par de bons interprètes, Ginger Rogers et Ray Milland, très amusant en dadais galonné et manipulé (à des années lumières du terrible mari hitchcockien du Crime était presque parfait).

Changement de style avec le deuxième opus, film de guerre mâtiné d’espionnage. Le ton est beaucoup plus grave, même si le récit est tempéré d’humour (parfois un peu forcé, quand il repose sur Farid et surtout le militaire italien, trop largement caricaturé) et d’ironie (excellents dialogues). Wilder joue à nouveau avec habileté sur les usurpations d’identité (qui prennent le pas sur une intrigue modérément passionnante). Il construit un récit habile, servi par une très belle réalisation (soutenue par une admirable photographie). L’interprétation est inégale : Franchot Tone a le charisme d’une palourde, alors que Von Stroheim se taille la part du lion. La fin du film, peu conventionnelle, vient rappeler que la guerre (qui n’était pas finie quand le film est sorti) n’a rien d’une coulée d’eau tiède.

Le DVD

Le(s) supplément(s) à ne pas manquer : Pas beaucoup en quantité, mais du lourd. C’est un documentaire exceptionnel, Portait d’un homme "à 60% parfait" : Billy Wilder que nous offre ici l’éditeur. Réalisé en 1980 par Anne Tresgot, il met en scène les entretiens accordés par le cinéaste à Michel Ciment. Wilder y raconte sa carrière dans son cadre de vie (son bureau, son appartement, sa résidence secondaire) avec verve, humour et simplicité. Drôle et riche en informations, un seul regret : il ne dure que 56 minutes.

Image & son : Rien à redire à ce sujet. Les copies sont en parfait état et rendent justice au remarquable travail photographique (surtout pour Les cinq secrets du désert).