Le 2 juin 2020
Dans ce roman à la fois doux et dur, Julia Glass s’intéresse à l’enfance, à ses couleurs vives et à ses traumatismes, à son impact sur l’adulte en devenir. Un joli hommage à la culture américaine, à la littérature jeunesse et à ses auteurs, souvent oubliés...
- Auteur : Julia Glass
- Collection : Totem
- Editeur : Gallmeister
- Genre : Roman
- Traducteur : Josette Chicheportiche
- Titre original : A House Among the Trees
- Date de sortie : 28 mai 2020
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
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Résumé : Tommy erre dans la grande maison qu’elle a partagée pendant vingt-cinq ans avec celui qu’elle a fini par considérer davantage comme un ami que comme un employeur : Mort Lear, le célèbre auteur jeunesse. Après sa mort, elle doit faire face à son rôle d’exécutrice testamentaire mais aussi à ses propres soucis familiaux. Accueillir Nicholas Greene, acteur choisi pour incarner Mort à l’écran est donc la dernière chose dont elle a envie. Et pourtant, ce dernier lui apportera un regard neuf sur celui qu’elle pensait connaître comme personne...
Critique : C’est une immersion métaphorique dans un album pour enfants qu’offre Julia Glass, dans ses couleurs éclatantes, mais aussi dans ses recoins les plus sombres, auprès des personnages et de leurs craintes les plus grandes.
Mort Lear, le célèbre auteur jeunesse, vient de mourir. Pour Tommy qui partageait sa vie depuis des années – en tant qu’assistante, puis amie – la période est compliquée. Elle doit faire face au deuil, aux lourdes tâches qui incombent à son rôle d’exécutrice testamentaire, à la pression imposée par certains déçus, dont la conservatrice d’un musée consacré à la littérature jeunesse, Meredith Galarza. Et, comme si tout cela n’était pas suffisant, il faut aussi qu’elle ménage une place dans la maison qu’elle partageait avec Morty depuis des décennies à Nicholas Greene, alias Nick, acteur britannique choisi pour incarner Mort dans le biopic qui lui rend hommage. Les deux hommes avaient déjà échangé quelques lettres, puis quelques mails, mais le comédien a besoin de s’imprégner de l’atmosphère de la maison parmi les arbres, de l’atelier de l’artiste, de ses dessins. Il a besoin d’ouvrir sa penderie pour voir et humer ses vêtements, pour comprendre son style, son histoire. Parallèlement aux affaires de Mort Lear, Tommy doit aussi régler ses propres soucis familiaux, les tensions avec son frère, les ressentiments et les regrets, alors quel n’est pas son désarroi, son amertume lorsqu’elle comprend qu’elle ne connaissait pas si bien que cela son patron et ami – énième préoccupation qui vient encombrer son esprit…
Les personnages s’entremêlent, leurs passés se font écho, se répondent dans les nombreuses analepses qui viennent rythmer le roman. Régulières, datées, elles ne sont jamais une cause d’égarement, mais apportent un éclaircissement, une plongée dans les souvenirs et la jeunesse des protagonistes, permettent de rendre ce récit choral plus profond et riche, tout comme les fréquents changements de focalisation. Julia Glass signe à la fois un hommage à la culture britannique et à la culture outre-Atlantique, s’appuie sur les caractéristiques d’un roman américain contemporain pour créer une œuvre unique, pleine de résonances. La famille et ses complexités, l’enfance et ses traumatismes, la création et ses parts d’ombre, les années festives et enjouées puis les années SIDA. Elle se saisit des codes, des marqueurs de ces livres qui ont pénétré les standards et impacté la culture anglophone – si tant est que culture anglophone il y ait – et les mêle en un dessin d’une richesse rare et d’une complexe simplicité. Dans ses pages, le lecteur croisera Virginia Woolf et l’homonyme du Nick Greene de son Orlando, des allusions à son essai A Room on One’s Own (Une chambre à soi), des références à Jane Austen, à Henry James, mais aussi à Ben Stiller, aux Oscars, à JK Rowling et à Philip Pullman. C’est un livre qui a plusieurs niveaux de lecture, semblable à un millefeuille qu’il faudrait disséquer patiemment pour saisir la moindre de ses subtilités. Les personnages sont profonds, jamais plats ou caricaturaux, le style est fluide malgré les nombreuses parenthèses, souvent poétique, et les constantes références aux livres signés par Mort Lear, ce dessinateur fictif, plongent le lecteur dans un univers coloré et doux qui camoufle les blessures de son enfance.
Julia Glass - Une maison parmi les arbres
Gallmeister
464 pages
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