Une affaire d’honneur - Vincent Perez - critique

Critique : Pleutre Christian chez Jean-Paul Rappeneau, transgenre en quête de soi pour Patrice Chéreau, Fanfan la Tulipe dans le pot-pourri éponyme d’EuropaCorp et même éphémère successeur de feu Brandon Lee dans une piètre suite de The Crow : Vincent Perez peut se targuer d’avoir l’une de carrières les plus bigarrées du paysage cinématographique français. Sa carrière de réalisateur est du même tonneau, entre thriller sentimental (Si j’étais toi), récit de guerre Seul dans Berlin et, donc, épique d’époque avec cette Affaire d’honneur.

Dora Thillier, Roschdy Zem

© Guy Ferrandis - 2022 - Gaumont - France 2 Cinéma

Un film qui, de prime abord, cumule tout ce qu’on aime : interprètes toujours fiables (Roschdy Zem), trop rares à l’écran (Perez lui-même, Guillaume Gallienne), ou à qui l’on donne trop peu de vrais rôles charnus (Doria Tillier) ; belle époque trop peu investie par le cinéma français (la fin du XIXe siècle) ; sans oublier une discipline, elle aussi très peu filmée et pourtant puissamment cinégénique : l’escrime.

Une affaire d’honneur, hélas, est l’archétype même de long-métrage où le total n’équivaut jamais totalement à la somme de toutes les parties. Une paresse du côté du scénario, peut-être, qui fait s’enchaîner les combats sans réellement parvenir à raconter autre chose, même en brassant des thématiques très contemporaines comme les traumas de la guerre, le féminisme ou l’homosexualité alors taboue. Avant le générique de fin, un carton nous apprend les combats, légitimes, menés sans relâche par la bien réelle Marie-Rose Astié, le personnage interprété par Tillier – et l’on regrette que le film ne carbure pas davantage à cette colère-là. Reste, en revanche, de formidables scènes de bataille – au pistolet, à l’épée, à cheval – qui nous laisse à penser, et c’est appréciable, que le spectateur Perez a été biberonné aux Duellistes et à Barry Lyndon.