Le 9 novembre 2024
Un drame policier et psychologique inégal, desservi par un ton boulevardier peu adapté, mais qui comporte quelques scènes prenantes.
- Réalisateur : Michel Boisrond
- Acteurs : Jean Desailly, Michel Galabru, Martine Carol, Geneviève Grad, Gianni Garko, Annibale Ninchi, Daliah Lavi, Henri-Jacques Huet, Rellys, François Nocher
- Genre : Drame, Noir et blanc, Policier
- Nationalité : Français
- Distributeur : Cocinor
- Durée : 1h25mn
- Date de sortie : 14 janvier 1961
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Résumé : Un soir sur la plage, Michel Saint-Amand aperçoit au clair de lune une beauté brune qui se baigne et cette beauté, sans explication aucune, s’offre et se donne à lui. Michel, écrivain, est l’hôte de Georgina, veuve et fortunée, qui habite une somptueuse villa avec ses deux enfants, Sylvie et Olivier, et son amant, un médecin, Francis, qu’on nous dit trop pauvre pour l’épouser. Michel fait la connaissance du jardinier de la propriété, Louis...
Critique : Ancien assistant de Cocteau, Delannoy ou René Clair, Michel Boisrond était passé à la réalisation en 1955 avec Cette sacrée gamine, premier film de Brigitte Bardot en tant que vedette, juste avant que Vadim ne crée la femme. Il la retrouvera dans deux autres comédies, tout comme il accompagnera les débuts de Delon dans Le chemin des écoliers (1959), avant que Clément n’expose la star plein soleil… Pour être franc et honnête, il faut préciser que Michel Boisrond n’est pas un génie de la mise en scène. Son cinéma repose sur des numéros d’acteurs tentant de mettre en avant des scénarii très convenus, pourtant coécrits avec Annette Wademant, son épouse, qui fut bien plus inspirée en collaborant avec Becker et Ophüls.
Un soir sur la plage (1961) a été vaguement monté autour de Martine Carol dont la carrière déclinante ne reposait plus que sur de rares séries B. Détrônée au box-office par BB, l’ex-sex-symbol, démystifiée dans Lola Montès, tentait un énième come-back. Les producteurs avaient d’ailleurs misé sur deux autres actrices, plus jeunes, pour booster l’affiche : la fausse ingénue Geneviève Grad (future fille du gendarme Cruchot), et l’Israélienne Daliah Lavi, en sculptural objet du désir. Pour ce qui est du récit, Un soir sur la plage marque un changement de registre pour le réalisateur qui aborde pour la première fois le genre policier, avec une volonté d’adopter un ton aussi bien dramatique que léger, à travers les marivaudages et intrigues de plusieurs personnages réunis dans une somptueuse villa (pied dans l’eau) à Juan-Les-Pins.
Le premier quart d’heure est pénible, avec un ton boulevardier désuet, dès lors qu’un commissaire autoritaire mais un brin ridicule (Michel Galabru) interroge la maîtresse de maison (Martine Carol) sur un vol de bijou qui a eu lieu dans sa chambre, tandis que sont présentés les membres de la parentèle, dont un grand-père oisif et joueur (l’Italien Annibale Ninchi, le truculent père de Marcello dans La dolce vita, doublé en français et dont on comprend peu la présence, le film n’étant pas une coproduction). D’autres moments burlesques ont pris un sacré coup de vieux, comme cette séquence où le commissaire sachant à peine nager tente de sauver le pépé d’une noyade. Quant à la trame policière, habile mais sans éclat, elle se laisse suivre, sans plus.
Pourtant, plusieurs séquences se détachent et révèlent quel film aurait pu être Un soir sur la plage si les auteurs avaient eu davantage d’audace. Un chat retrouvé pendu, ou une jeune fille handicapée et nymphomane forment une ébauche d’ambiance buñuelienne, avec certaines allusions que le politiquement correct et le retour à l’ordre moral ne permettraient plus aujourd’hui (et qui ont sans doute été à l’origine de l’insuccès du film, rarement diffusé depuis). Une scène d’étreinte amoureuse sur la plage est bien plus saisissante que dans Tant qu’il y aura des hommes. Et dans un rôle ambigu qui rappelle celui de Pierre Fresnay dans Le corbeau, Jean Desailly en médecin soupçonné de pratiquer des avortements (un sujet encore tabou à l’époque) témoigne du même jeu nuancé qu’il déploiera dans La peau douce. Et si Henri-Jacques Huet est un peu raide en écrivain dépassé par les événements, le vieux Rellys, qui fut le premier Ugolin pagnolesque au cinéma, est étonnant en père aimant mais meurtri.
Ces qualités ne sont toutefois pas suffisantes pour compenser le manque de relief de l’ensemble du long métrage. Michel Boisrond ne fera guère mieux par la suite, du film à sketchs Les amours célèbres (1961) au médiocre Catherine et compagnie (1975), en passant par une version anodine du Petit Poucet (1972).
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