Le 4 juin 2019
Un film coup de poing contre la guerre, à travers le portrait sensible et solaire de trois frères, qui luttent contre leurs démons. Un tour de force, de grâce et de profondeur, dans ce havre de paix apparent, où la violence des hommes est tout aussi puissante que celle qui se joue sur les champs de bataille.
- Réalisateur : Yona Rozenkier
- Acteurs : Yoel Rozenkier, Micha Rozenkier, Yona Rozenkier
- Genre : Film de guerre
- Nationalité : Israélien
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Durée : 1h31mn
- Titre original : Hatzlila
- Date de sortie : 12 juin 2019
- Festival : Festival de Locarno 2018, Festival de Toronto 2018, Fertival de Jérusalem 2018, Festival des Trois Continents 2018
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Trois frères se retrouvent pour enterrer leur père dans le kibboutz de leur enfance. Avishaï, le plus jeune, doit partir deux jours plus tard à la frontière libanaise où un nouveau conflit vient d’éclater. Il sollicite les conseils de ses frères qui ont tous deux été soldats. Itaï souhaite endurcir le jeune homme tandis que Yoav n’a qu’une idée en tête : l’empêcher de partir. Dans ce kibboutz hors du temps, le testament du père va réveiller les blessures secrètes et les souvenirs d’enfance...
Notre avis : Ils sont trois frères, et ils se retrouvent dans ce kibboutz hors du temps, presque évidé de sa population, où les quelques survivants vivent d’une étrange façon. Ces trois frères se retrouvent dans leur village d’enfance, à l’occasion de l’enterrement de leur père, que des étudiants en médecine ont savamment désarticulé. Il y a quelque chose de totalement improbable dans ce village qui résiste à l’assaut des bombes, des avions de chasse, et qui refuse de remettre en état de marche la sirène d’alerte, afin de protéger le sommeil des anciens ! C’est comme une scène de théâtre où va se jouer le drame obscur et intimiste de ces trois hommes. Les seuls signes perceptibles de la guerre qui bat son plein au Liban, demeurent la radio qui annonce les morts, les alertes de bombardements sur les téléphones portables, et la peur qui étreint le jeune frère, Avishaï, qui s’apprête à son tour à rejoindre le front. Ce havre de paix apparent devient une sorte de caisse de résonance d’un conflit terrible, où les fils meurent ou alors, s’ils ne succombent pas au front, reviennent, la tête chargée des pires atrocités.
- Copyright Pyramide Distribution
Voilà donc un film d’une grande intelligence, qui vient dénoncer les horreurs de la guerre, sans jamais les nommer directement. Yoav (interprété par un Yoel Rozenkier tout de grâce et de mystère) arrive de Tel Aviv. Il a fui sa famille pendant plus d’un an, et on pressent immédiatement qu’il transporte avec lui un secret qui pourrait ébranler l’équilibre déjà très précaire de sa propre famille. L’aîné, Itaï, met toute son énergie à contraindre le petit frère à endosser l’habit du soldat, avec les honneurs qui lui sont dûs. Le récit ne donne aucune clé politique ou sociale sur les raisons qui conduisent les jeunes gens à prendre les armes et à partir se battre au Liban. A la limite, cette question est tout à fait hors sujet. Yona Rozenkier, cinéaste et comédien à la fois, dénonce toutes les formes de guerre, dont la première, la plus évidente est celle qui oppose ces trois frères, incapables de se comprendre, de s’écouter, tant le poids du père décédé continue de les poursuivre dans leur présent.
- Copyright Pyramide Distribution
La mise en scène prend en permanence le parti pris de l’ellipse et du mystère. Elle refuse la démonstration. Les trois frères sont hantés par une sorte de démon, symbolisé par une grotte dans la mer où le défunt a exigé qu’on y dépose ses membres. Les explications demeurent rares, le cinéaste laissant au spectateur le soin de décoder l’abîme de souffrance qui habite ces gens. Le réalisateur assume un manière très décalée dans sa façon de regarder ces gens qui survivent dans le kibboutz, jusqu’à, pour certains, s’enfoncer tout le corps dans le sable de la plage. Il ne faut pas chercher la vraisemblance dans ces comportements. Ce havre de paix décuple la douleur des survivants qui s’adonnent à d’étranges habitudes, pour échapper à l’emprise de la peur et de la mort. Bien sûr, ce n’est pas un film gai. Mais assurément, il s’agit d’une expérience de la vie, de la douleur et de la mort que la magie du cinéma parvient à transcender.
- Copyright Pyramide Distribution
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.