Le 22 septembre 2014
Avec Un été à Quchi, Tso-Chi Chang signe un film sur l’enfance doux, émouvant et un brin mélancolique, d’une poésie certaine, laissant planer toutefois un parfum d’inachevé.
- Réalisateur : Tso Chi Chang
- Acteurs : Liang-yu Yang, Yun-loong Kuan
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Taïwanais
- Durée : 1h49mn
- Titre original : Shu Jia Zuo Ye
- Date de sortie : 24 septembre 2014
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Avec Un été à Quchi, Tso-Chi Chang signe un film sur l’enfance doux, émouvant et un brin mélancolique, d’une poésie certaine, laissant planer toutefois un parfum d’inachevé.
L’argument : A la fin du semestre scolaire, Bao est envoyé à Quchi chez son grand-père veuf, car ses parents envisagement de divorcer. Déprimé et maussade, il intègre une petite école primaire où il découvre qu’une fille de sa classe porte le même surnom que lui : « Bear ». Bao sympathise également avec Mingchuan, un enfant indigène qui est secrètement amoureux de Bear. Ces deux amitiés égaient la vie de Bao en cette période de désarroi familial et lui permettent de reconsidérer sa vision de l’existence. © Aramis Films
Notre avis : Film autoproduit du réalisateur Tso-Chi Chang, Un été à Quchi se classe dans la catégorie des films qui confrontent les générations ainsi que les habitudes de vie, urbaines et rurales, pour faire émerger l’idée d’une vie en communauté où les différences qui séparaient initialement les personnages finissent par les réunir. Avec une mise en scène à la fois réaliste et poétique, l’œuvre de Tso-Chi Chang s’inscrit dans la lignée des œuvres de Hou Hsiou-Hsien, pour qui le cinéaste avait occupé le poste d’assistant réalisateur. Suivant le parcours du jeune Bao, interprété par Yang Liang-yu, le film nous fait brièvement découvrir sa famille au bord de l’éclatement, en raison du divorce de ses parents, avant de se concentrer sur le lien naissant entre le garçon solitaire et son grand-père, tout aussi solitaire depuis la mort récente de son épouse. Dans un cadre rural aux couleurs tendres et une atmosphère propice à la quiétude de l’âme, les deux personnages font face à leur solitude et à l’ennui pour s’ouvrir progressivement aux autres habitants du village. C’est à ce moment que la poésie renaît d’un quotidien morose et c’est précisément cette renaissance, lente et difficilement visible au premier abord, que le cinéaste a su montrer à l’écran.
© Aramis Films
Aussi, c’est avec une grande douceur que le réalisateur fait le portrait de ses acteurs, pour la plupart non professionnels, et l’image y gagne assurément en authenticité, permettant ainsi au spectateur une certaine empathie avec les personnages. L’humour léger et subtil des dialogues vient s’accorder à la perfection au ton du film tout en donnant davantage de relief aux différents protagonistes. On retiendra ici la scène, à la fois drôle et touchante, où les parents, surpris en train de s’amuser ensemble au karaoké par les enfants et le grand-père, se font réprimander par ce dernier et où l’on s’aperçoit que les parents surmenés sont souvent des enfants qui s’ignorent.
Le film de Tso-Chi Chang montre cependant des faiblesses dans un montage - effectué par le réalisateur lui-même - parfois cavalier, brouillant quelque peu les repères temporels d’un spectateur qui pourrait alors éprouver une sensation étrange de déjà vu et se demander si certaines scènes n’ont pas été réutilisées à défaut. Œuvre sur l’enfance, il est également regrettable que les relations entre les enfants n’aient pas été plus exploitées par le scénario : si l’amitié entre Boa et Mingchuan apparaît progressivement à l’écran, sans toutefois être explicite, le personnage de la fillette surnommée « Bear » reste très en retrait et la joyeuse bande de l’école du village occupe une place encore plus anecdotique. A contrario, les liens entre les membres de la famille, notamment entre le grand-père, interprété par Kuan Yun-loong, Bao et sa petite sœur, Algue, sont davantage mis à l’honneur et permettent de recréer au fil du film une véritable complicité familiale.
© Aramis Films
Un été à Quchi est un film qui aborde avec beaucoup de délicatesse le thème de l’enfance quittée petit à petit, mais également celui du deuil, et ce sous plusieurs de ses aspects : le deuil d’une personne qui nous est chère, celui d’une relation ou encore celui du souvenir d’une vie que l’on menait « avant ». Loin de se morfondre, l’œuvre de Tso-Chi Chang montre que le temps et les liens que l’on tisse avec autrui permettent au deuil de se faire et, comme l’exprime Bao au terme de son séjour à Quchi, permettent à l’individu de présenter « un autre visage » au monde.
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