Un bon début - Xabi Molia, Agnès Molia - critique

Critique : Rares sont les films documentaires qui génèrent d’un bout à l’autre autant d’émotions et d’empathie. Dès les premières images, Xabi et Agnès Molia présentent les visages du professeur et des adolescents qui vont constituer les héros ordinaires de leur projet. La caméra ne les quittera plus, fixant les regards, les visages, au plus près de l’objectif de la caméra. On imagine les heures et les heures de film qu’il a fallu trier pour parvenir à ce petit bijou d’humanité et de beauté. Un bon début est résolument un film qui donne envie d’aimer la jeunesse, même la plus en rupture, et qui rend aux professeurs le respect que notre société leur doit. On voit travailler les enseignants aux côtés de leurs jeunes, faisant de leur art des cadeaux quotidiens au service de leur avenir.

Copyright Haut et Court

Le film raconte, sans jamais sombrer dans la démonstration, l’opiniâtreté nécessaire pour amener ces gamins en difficulté à la réussite. Un bon début évite avec brio les images d’Épinal d’une jeunesse moderne qui refuserait de travailler et préfèrerait aux métiers manuels la facilité des plaisirs instantanés et le rêve de richesse. On voit au contraire ces gamins lutter contre eux-mêmes, s’acharner à trouver un but à leur existence, pendant que leurs enseignants s’évertuent à trouver en eux des ressorts positifs. Le documentaire est autant un hommage sur le métier d’enseignant qu’un hommage sur la jeunesse contemporaine elle-même. Il montre combien l’Éducation nationale demeure un bien public à choyer, dans un contexte où l’on sait que les vocations sont de plus en plus rares.

Copyright Haut et Court

Le documentaire au cinéma est souvent salvateur. Il grandit sur l’écran des existences qui pourraient se perdre dans l’anonymat de la vie quotidienne. Les deux réalisatrices parviennent à créer une sorte de roman immense qui fait de ces existences décomposées des exemples pour les spectateurs. Le film présente pour une fois l’univers de la protection de l’enfance sous ses meilleurs jours, à travers la figure des parents ou des enfants placés. Les métiers d’enseignant et d’éducateur social se combinent magnifiquement pour permettre à ces enfants de se rassembler et de trouver leur voie. Il serait malhonnête d’accuser le film de démagogie, d’autant que l’issue finale montre ô combien un accompagnement pédagogique personnalisé, et donc des moyens publics adaptés, permettent de faire naître le meilleur de nos enfants.