Un jeune couple rencontre en vacances "l’écrivain américain le plus mystérieux de sa génération", Sébastien Bruckinger. Celui-ci n’a rien écrit depuis trente ans et vit en reclus, fuyant les médias. On comprend tout de suite de qui Neuhoff s’est inspiré pour créer ce personnage mythique : J.D. Salinger, l’auteur de L’attrape-cœur qui vit depuis 1953 dans sa cabane du New Hampshire sans électricité ni téléphone. 

L’arrivée de cet écrivain dans la vie du couple va être un désastre pour l’auteur car Maud, la femme de sa vie, préférera le mystérieux et talentueux septuagénaire au fringant quadragénaire publicitaire qu’est le narrateur. L’admiration cédera la place à la souffrance et à la haine et le narrateur se lance dans une longue lettre à l’attention de l’écrivain dans laquelle il se laissera aller à analyser ses états d’âmes et son désarroi. 

Ecriture rapide, saccadée, nerveuse, ton résolument moderne, et sentiments confus, sont les recettes de ce brillant roman dans lequel on entre en trois phrases et qu’on ne peut lâcher que la dernière ligne avalée. Aucun répit n’est laissé au lecteur dans ce récit qui renvoie fatalement à nos propres blessures amoureuses, à nos propres trahisons. Et qu’y a t-il de plus difficile que d’être trahi en même temps par celui qu’on aime et celui qu’on admire ? Les chapitres s’enchaînent à une cadence infernale et le dénouement se dessine au fil des pages : il s’agit là d’une vengeance et quelle vengeance ! La pire que l’on puisse imaginer pour quelqu’un qui tient tant à fuir le devant de la scène...