Le Bourreau T.1 . Justice Divine ? - La chronique BD

Résumé :

Celui qui a tué doit payer, c’est l’unique règle qui règne dans Paris. Le Conseil de la ville a chargé un homme inconnu de faire régner la justice, et sa sentence est toujours la même : l’exécution du fautif en place publique. Seulement, le jour où la machine à tuer s’enraye, le passé et les limites de son pouvoirs ressurgissent.

© Delcourt

Notre avis :

Album sombre s’il en est, le premier tome de la série Le Bourreau s’intéresse à un Moyen-Âge fantastique et intriguant. L’ambiance macabre semble plonger dans un Assassin Creed revisité, avec un héros bardé d’armes, une capuche toujours sur une barbe naissante, des contrats à exécuter... mais très vite, le sujet se développe, s’étoffe, se complexifie. Forcément, le grain de sable provient d’une femme assassinée, qui doit être vengée. Mais cette affaire cache ds secrets, qui demandent à être expliqués. Étrangement, hormis les premières victimes, aucun personnage n’a encore reçu un traitement de faveur, de développement : pour le bourreau lui-même, des flashbacks bien faits viennent rythmer la fin de l’album, montrant comment se développe un pouvoir surhumain. Théorie brillante, en étant inconnu, un homme peut acquérir des dons comme l’invincibilité, l’intuition (on est tout de même plus réaliste que One Punch Man), mais son pouvoir se perd si une personne connaît son identité. En somme, ne rien ressentir fait le meilleur des bourreaux, mais la rencontre avec un autre homme doué de pouvoirs va tout remettre en question.

© Delcourt

Les relations du bourreau sont en revanche bien mises en valeur : détachement vis à vis de ses victimes, cynisme vis à vis de sa situation, coincé par des supérieurs riches qui veulent conserver le pouvoir, relation brisé avec son mentor bourreau avant lui... Ces éléments font en vérité la richesse du personnage et donc de l’œuvre : évidemment, le lecteur s’attend à ce que la bonté resurgisse et prenne le pas sur le côté froid et insensible, mais il ne faudrait pas non plus trop parier là-dessus. En bon hitman, le bourreau compte bien se retourner contre ses maîtres, et la pitié ne fait apparemment pas partie de son vocabulaire. Côté dessin, l’atmosphère est soignée, il y a de la boue et de la pluie, du sang et des larmes, un soupçon de magie, et nul doute que des combats viendront égayer les prochains tomes. Une maîtrise évidente qui devrait également asseoir un style.

© Delcourt

Bien agencé, solide dans son originalité et savamment mystérieux, Justice Divine ? recèle plus de surprises qu’il n’y paraît, et peut clairement s’affirmer comme une belle série de fantastique médiéval, plus réaliste que la fantasy pure, et sans tomber dans le récit historique.

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