Le 2 avril 2015


- Scénariste : DORISON, Xavier>
- Dessinateur : Eric Hérenguel
- Collection : Conquistador
- Genre : Aventure, Fantastique
- Editeur : Delcourt
- Famille : BD Franco-belge
- Durée : T.1
Réécrire l’Odyssée dans les Etats-Unis du XVIIIème siècle, c’est le pari osé et réussi par Xavier Dorison et Eric Herenguel. Le premier tome reprend l’épisode du cyclope, mêlant adroitement aventure et fantastique.
Résumé
Alors que la guerre d’indépendance est sur le point de s’achever aux États-Unis en 1781, le capitaine Ulysse McHendricks voit son fils débarquer à Yorktown, une ville qu’il vient de reprendre avec ses hommes. Ce dernier vient lui annoncer qu’une troupe d’anglais ont pris en otage la ville où vit encore la femme du capitaine, Penn. Dans une expédition en territoire iroquois, Ulysse et ses mercenaires s’enfoncent sur des terres mêlant vestiges de comptoirs abandonnés, légendes indiennes et forêts sépulcrales, quitte à s’attirer le mauvais œil...
- © Delcourt
- Ulysse 1781 : quand les indiens se font mystiques
La critique
Au premier abord, on peut se dire qu’Ulysse 1781 a seulement emprunté les codes de l’épopée d’Homère : un héros en voyage, des péripéties magiques, des combats sanguinolents… Mais la force de la bande dessinée de Dorison et Herenguel réside dans le fait qu’ils ont bien dépassé le simple stade du mythe grec. Bien sûr, le titre, les rappels des noms (Ulysse, New Itakee, Penn, le cyclope…) et les courtes citations de l’épopée sont là pour donner un cadre connu, rassurant, mais il devient quasiment inutile tant l’histoire se montre finalement originale.
Comme dans la suite de l’Illiade, c’est par le voyage de Télémaque (ici nommé Mark) pour trouver son père que commence le récit . Nul besoin de sacrifices aux dieux, il le trouve festoyant, victorieux, pas encore sevré de combats, au milieu d’une Yorktown libérée.
Étrangement, le personnage n’est pas le plus attachant du monde, on n’est pas dans l’idéal du rusé Ulysse, aimant sa famille et désespérant de la revoir. Un conflit larvé entre le père et le fils semble déjà être un fil conducteur. Des personnages secondaires font leur apparition : un vieillard, second du capitaine, habitué à survivre, une famille de planteurs de caoutchouc où le mari est aussi timide que la femme mystérieuse, mais tous deux déterminés…
- © Delcourt
- Le cyclope n’aime pas trop les chasseurs de scalps...
Et puis, il y a le cyclope. Ulysse n’est rien sans les écueils qu’il doit surmonter… Si l’utilisation d’un bateau conduit par une douzaine de chevaux n’est pas la meilleure des idées, les rebondissements sont légions. Après une première partie où les différents éléments de l’histoire sont posés (avec un petit détour par New Itakee pour rencontrer la Mme McHendricks et ses « prétendants » un brin intrusifs), on chevauche avec Ulysse vers sa destinée. Après avoir passé symboliquement une cascade, l’expédition entre dans un monde caché, reculé, encore légendaire. Une terre propice aux mythes et aux aventures…
Si les îles grecques ont laissé place aux forêts angoissantes de l’ouest américain, on retrouve avec plaisir ce frisson angoissant qui avait fait la magie de Long John Silver. Dans ces contrées sombres, il faudra batailler pour trouver des sources de lumières. Le dessin est parfait, les hommes sont plutôt laids comme leurs âmes, tandis que les décors peinent à respirer, mais l’action est palpable, bien ficelée et envoûtante.
C’est donc avec un premier tome convaincant que s’ouvre cette nouvelle série, qui aura un deuxième tome mais devrait reprendre plusieurs épisodes connus de l’œuvre d’Homère.
64 pages - 14,95 €.