Le 19 août 2010
Récit fort sur le désespoir et les échanges linguistiques et culturels, Ulzhan ne mérite pas l’indifférence critique et confirme que Volker Schlöndorff n’a pas encore perdu la main.


- Réalisateur : Volker Schlöndorff
- Acteurs : Philippe Torreton, David Bennent, Ayanat Ksenbai
- Genre : Drame, Road movie
- Nationalité : Français, Allemand, Kazakh
- Distributeur : Rezo Films
- Editeur vidéo : France Télévisions
- Durée : 1h45mn
- Date de sortie : 23 avril 2008
- Festival : Festival de Cannes 2007

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Résumé : Quelque part au milieu des steppes sans fin d’Asie Centrale se trouve un trésor. Un homme en a la clef, un fragment de carte antique. Dans sa quête sans répit, Charles ne cherche ni fortune ni gloire, seulement à sauver son âme. Ulzhan l’a compris dès qu’elle a posé les yeux sur lui...
Critique : C’est le grand retour de Volker Schlöndorff, bon cinéaste allemand des années 60-80 qui s’était quelque peu fourvoyé ces dernières années. Il retrouve Jean-Claude Carrière, l’un de ses scénaristes de prédilection, pour concocter un road movie attachant, parsemé de fausses pistes et de mystère. Philippe Torreton incarne avec talent Charles, un Français pris pour un vagabond par des douaniers du Kazakhstan, qui lui souhaitent la bienvenue dès qu’ils réalisent leur impair. Quel est le but de son voyage ? Trip initiatique à la Nocturne indien ? Espionnage industriel ? Tourisme glauque à la Un homme perdu ? Isolement social à la Into the Wild ?
- Copyright Rezo Films
La rencontre avec Ulzhan, belle institutrice lui vendant un cheval et s’obstinant à le suivre, ne fait pas dévier le film vers la veine sentimentale. De même, les allusions à tout un pan de l’histoire soviétique (les goulags, les essais nucléaires) n’en font pas pour autant une œuvre politique ou commémorative. Classique dans sa forme (mouvements d’appareils fonctionnels, découpage linéaire), le film est superbement photographié mais ne cherche pas à enjoliver des paysages arides.
- Copyright Rezo Films
Des personnages insolites (davantage que pittoresques) croiseront le parcours de Charles, à l’instar d’un « vendeur de mots » à moto, de mère allemande et de père inconnu, incarné par David Bennent, qui fut le petit garçon du Tambour. Récit fort sur le désespoir et les échanges linguistiques et culturels, Ulzhan ne mérite pas l’indifférence de la critique, même si Schlöndorff n’est sans doute plus un cinéaste « tendance ». Peut-être son relatif succès public lui donnera-t-il une seconde chance.