Comme un avion sans ailes
Le 13 février 2006
Un parti pris narratif très original pour romancer le 11 Septembre.


- Auteur : Salim Bachi
- Editeur : Gallimard
- Genre : Roman & fiction, Littérature blanche

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Romancer le 11 Septembre, c’est prendre le risque de sombrer dans la caricature ou la mièvrerie. Salim Bachi évite habilement ce piège, grâce à un parti pris narratif très original.
Les attentats du 11 Septembre ont définitivement changé la donne internationale et n’ont pas fini, semble-t-il, d’inspirer les romanciers. Pour preuve, ce roman de Salim Bachi qui retrace les dernières heures de l’un des kamikazes. L’homme s’appelle Seif El Islam et c’est toute sa vie passée qui vient le hanter alors qu’il se trouve dans un hôtel de Portland.
La scène ouvrant ce roman est d’une portée symbolique extrêmement forte. Le kamikaze découpe sa carte de crédit avant de la jeter dans les toilettes de sa chambre. Ce geste peut d’ailleurs s’interpréter comme un espèce de fil conducteur durant tout le récit. Deux mondes se toisent, deux cultures s’affrontent, sur fond de religion et de croyances. L’homme retrace son parcours, ses différents voyages, de Paris à l’Afghanistan, en passant par l’Espagne ou les camps de djihads. Evidemment, le doute le travaille, ses contradictions le perturbent, sa conscience le dérange. A-t-il le droit de priver de vie tous ces innocents ? La Cause mérite-t-elle ce sacrifice ?
Bien au-delà d’un récit documenté, ce roman a tout d’un rêve éveillé, d’un monologue délirant entrecoupé de phases de lucidité. Porté par un personnage hautement symbolique, Tuez-les tous étonne surtout par sa langue et son rythme, rendant ce texte d’une efficacité redoutable.
Salim Bachi, Tuez les tous, Gallimard, 2006, 132 pages, 12,90 €