Travis . T.13 . Serpent à plumes - La chronique BD

Il fallait un final en beauté pour clôturer ce cycle, avec un Travis bien redevenu héroïque, un Vlad sanguinaire (juste ce qu’il faut, il vit à Copenhague maintenant), et un Pacman qui irradie de génie informatique. Un trio de personnages au sommet de leur art, et pourtant, tout ne sera pas réglé. En effet, Travis voudrait se montrer chevaleresque, prêt à partir à un contre cent pur libérer une poignée d’innocents, mais il est stoppé net : la corruption fait mieux le travail. Vlad exécute bien une tueuse, mais d’une manière très sobre, sans même un sourire. Pacman est bien dans son élément, l’un des meilleurs, mais il n’attrape pas véritablement sa proie intelligente. Loin d’être décevant devant toutes ces reculades, cette fin un peu inachevée est en fait un appel vers d’autres aventures, car le confort de la série est voué à être bouleversé, au moment où la situation semble stable. Si les personnages ne sont pas vraiment malmenés, le lecteur n’ayant jamais vraiment peur pour eux malgré l’encerclement du début, si les méchants gagnent un peu d’empathie, l’esprit de la série, à savoir dénoncer les maux du capitalisme sans limite, mais surtout proposer des solutions à l’échelle internationale, perdure et s’endurcit à chaque cycle. Gageons que le prochain sera encore plus fort et plus épique, car les auteurs ont laissé la place pour cela !

Fred Duval, Pierre Schelle, Christophe Quet / Delcourt

Le dessin de Christophe Quet est désormais entré dans le classicisme de la BD SF, avec ses visages serrés, ses couleurs plutôt pimpantes, qui ont fait la beauté de la série, voire le charme. Travis s’est inspiré de nombreuses séries existantes, films ou BD, mais c’est désormais une inspiration pour toute la nouvelle vague, et notamment de dessinateurs. Il faut la connaître, et on ne peut que la reconnaître : Travis, Vlad et l’univers d’intrigues politiques et économiques sont implantés sereinement. Accrocheur, le trait a bizarrement peu évolué si l’on compare, sinon un rendu toujours plus fluide, notamment pour les robots et les vaisseaux spatiaux.

Fred Duval, Pierre Schelle, Christophe Quet / Delcourt

Serpent à plumes n’est pas le Travis le plus explosif ou le plus hallucinant. C’est une belle conclusion, ouverte vers d’autres questions, d’autres pistes, une sorte de fenêtre vers l’après, avec une approche irrégulière, comme un happy ending qui laisse dubitatif, mais donne envie de voir plus.