Just do it !
Le 19 septembre 2016
Hilarant documentaire sur deux enthousiastes qui produisent des films d’action dans la campagne bretonne, Tu doutes, tu perds, présenté en compète au Fifigrot, suit deux prolos qui ont décidé de tout mettre dans leur futur projet : réaliser une superproduction internationale dans la lignée des classiques de Stallone. Un documentaire qui n’est pas sans rappeler l’American Movie de Chris Smith, où les rêves de cinéma se teintent d’une bonne dose d’insouciance, de folie et de coups en pleine gueule. Rencontre avec le réalisateur.
- Réalisateur : Dominique Baumard
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Durée : 1h29mn
- Festival : Fifigrot 2016
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Résumé : Après avoir travaillé quinze ans dans le milieu agricole, Jacques décide de se consacrer à sa passion : les films d’action. S’improvisant producteur, réalisateur, scénariste, cascadeur et acteur, il finalise un premier long métrage auto-produit dans la campagne bretonne qui remet au goût du jour le cinéma de gros bras. Avec le soutien indéfectible de son assistant Jean-François, ils se lancent dans un projet plus ambitieux, rassemblant des financements étrangers et un casting international.
Notre avis : Dominique Baumard vient du cinéma sérieux, celui qu’on nomme "art et essai". Pourtant, quand il entend dire qu’un gars au fin fond de la Bretagne produit des films d’action de série B en dehors de tous les systèmes de financement officiel, il ne peut s’empêcher de s’identifier à lui et de chercher à comprendre comment celui-ci arrive à concrétiser ses envies de cinéma. C’est ainsi qu’il rencontre Jacques et Jeff, deux costauds touche-à-tout, qui assurent tous les aspects de leurs films, à la fois producteurs ou chefs décorateurs, cascadeurs ou scénaristes. Fasciné par leurs personnalités, Dominique décide de les suivre sur le tournage de leur nouveau film, Mercenaire, mais les choses ne vont pas se passer comme prévues...
En effet, malgré leur enthousiasme, Jacques et Jeff ont une façon de faire des films qui ne ressemble à rien de ce que Dominique a connu jusqu’à présent. Aucune prétention artistique ici, le film est un produit et leur langage frise celui de commerciaux hallucinés. Défilent alors des paysans du coin prêts à apporter leur confiance et leur argent à ceux qui leur donnent une part de rêve. Un rêve qui se colore de teintes eighties, rappelant le Schwarzy de la période Commando ou les vieux Stallone. Une passion elle même anachronique dans le monde cinématographique d’aujourd’hui. Dominique questionne, cherche à comprendre, essaie de percer le fonctionnement de ces joyeux drilles, s’étonne de voir un décor se construire avant même que les financements n’arrivent. Une approche du cinéma iconoclaste et qui n’a pas d’équivalent.
Malgré leur insouciance, leur incrédulité presque infantile (croire que Julia Roberts et Gérard Depardieu vont rejoindre leur casting en alignant l’argent sur la table) et leur forme de folie collective, les ambitions des personnages sont sclérosées par leurs propres origines sociales. Leurs accents, leurs manières rustres et leur vision du monde restent celles de bons gars de la campagne, de prolétaires qui quelque part ne pourront jamais avoir accès au monde des paillettes et au tapis rouge du festival de Cannes. Tu doutes, tu perds, derrière les mésaventures souvent drôles de nos protagonistes, rend aussi compte de cette réalité, un peu comme American Movie (1999) prouvait que, malgré l’énergie et la folle envie de cinéma, une personne de la classe blanche pauvre (ceux qu’on nomme white trash) ne pourra jamais accéder aux gros financements et séduire des producteurs d’Hollywood. Ce sont là des mondes antithétiques. Les personnages sont certes hauts en couleurs mais se profile aussi l’image d’une France où les chances ne sont pas les mêmes pour tous, où le plouc restera toujours un plouc et où les rêves se limitent à l’endroit où on est né et à la classe à laquelle on appartient. Si Jeff et Jacques ont décidé de ne pas douter pour ne jamais perdre, comme dans un système de survie aux relents de slogan publicitaire, les murs qui se trouvent sur leur chemin sont bien érigés et même leurs gros muscles saillants ne pourront rien pour les faire tomber.
Dans l’entretien à suivre, Dominique Baumard nous en révèle plus sur la genèse du film et sur ces personnages plus complexes qu’il n’y paraît.
Ton parcours précédent se situe-t-il plus dans la fiction ou le documentaire ?
Dominique Baumard : J’ai toujours touché aux deux. J’ai plutôt voulu faire de la fiction mais comme j’aime bien tourner et que je sais utiliser une caméra, de par ma formation en BTS audiovisuel, j’ai toujours pris ma caméra pour faire des documentaires. C’est un peu comme cela qu’on a envisagé le film. J’ai entendu parler de Jacques via une amie qui devait être scripte sur le film qu’il allait tourner, puis j’en ai tout de suite parlé à Christophe et Toufik aux Films du Worso. Ils ont loué une caméra et deux semaines après, j’étais déjà en train de tourner. Le documentaire c’est aussi pour moi une manière de tourner rapidement, d’être beaucoup plus instinctif que la fiction. C’est assez pulsionnel.
Donc entre le premier message sur le répondeur qu’on entend au début du film et le tournage, il se passe très peu de temps.
J’en ai entendu parler à l’été 2013 et en septembre je tournais. Je suis allé les voir une première fois sans caméra, juste pour les rencontrer. Puis je suis revenu et j’ai commencé à filmer.
Au début du film, tu parles même d’une identification avec eux dans la manière dont ils travaillent et ils font des films.
C’est vraiment ça. J’ai beaucoup de tendresse pour cette manière de faire des films. J’ai voulu faire du cinéma quand j’avais douze ans et concrètement je faisais des films d’horreur chez ma grand-mère avec mes cousins. Après, j’ai fait des écoles, je me suis professionnalisé mais faire des films sans demander la permission à personne me touche. Sans demander d’aide à qui que ce soit. Juste prendre une caméra et faire le film. L’autre raison c’est que quand je les ai rencontrés, ils étaient censés commencer à tourner deux semaines plus tard. Je voulais faire un film sur un tournage, pas tourné comme un making of mais comme un documentaire. J’ai passé un peu de temps sur les tournages professionnels et c’est un endroit incroyable pour faire un documentaire, mais plus sur les rapports humains, les rapports de pouvoir, les rapports de séduction. Un tournage est comme une scène de théâtre que j’aimerais beaucoup filmer un jour. On a assez peu filmé les tournages ou quand on le fait, on sait déjà ce qu’on veut y trouver. Et là en plus vu que c’était un film bricolé, il y avait un vrai sujet pour filmer les rapports humains. Mais comme ils n’ont jamais tourné, je n’ai pas pu filmer ça. Ils m’avaient d’ailleurs raconté le tournage du premier film, ça avait l’air incroyable.
C’est un film sur un film en chantier qui reste à l’état de chantier.
Jacques me dit encore qu’il va tourner bientôt, qu’il a trouvé de l’argent, mais ça n’avance pas mieux. Il est incroyable. À chaque fois que je l’appelle, il a des nouvelles informations.
Comment tu décrirais ces deux personnages qui sont au centre du film ?
Ils ne sont vraiment pas pareils tous les deux. Bizarrement, Jacques reste un peu mystérieux pour moi. Cette question du titre "Tu doutes, tu perds", je n’arrive pas à savoir jusqu’à quel point il croit à ce qu’il dit et s’il arrive à se convaincre qu’il va réussir vraiment ou s’il y a une part de manipulation chez lui. Alors que Jeff est beaucoup plus lisible. C’est un garçon très gentil et très docile. Pour moi, Jeff se comporte comme la société lui dit de se comporter et comment réussir. C’est l’Homo Economicus dans sa plus parfaite expression. Je suis assez fasciné par le fait qu’il a beau se prendre des coups tout le temps, il est toujours aussi persuadé que ça va marcher, qu’il va s’en sortir, qu’il va faire de l’argent. Il a une espèce de force de croyance qui est assez folle. Pour le coup, lui il ne doute jamais. Alors qu’il a eu une vie faite de coups durs, il reste égal à lui même. À la fin du film, on sent qu’il est quand même affecté mais ils fonctionnent tellement ensemble, Jacques a tellement besoin de Jeff pour croire en lui et Jeff a tellement besoin de croire en quelqu’un, que les deux ensemble ça fait des étincelles.
Les deux ne retravaillent pas ensemble ?
Non ils sont plutôt fâchés là.
Leur façon de faire des films est presque à l’antithèse de ce qu’on appellerait la notion d’artiste parce qu’à un moment Jeff parle de la musique comme une forme inatteignable car il faut du talent alors que le cinéma c’est facile.
Oui ils font des films comme ils fabriqueraient des tondeuses à gazon. Ils n’ont pas du tout un rapport artistique au cinéma, ce qui me touche. Il y a vraiment cette idée d’accepter de faire des films de série B, des films de castagne, c’est pour ça aussi que c’était troublant pour moi au début, parce que je ne sais pas comment on fait ce genre de films. Je sais comment on fait des films d’auteurs, et sincèrement j’ai pensé que ce n’était pas complètement idiot d’envisager le film comme un produit, en disant que les films d’action ça se vend bien à l’étranger, ça permet de rentrer tel type d’argent, ça coûte moins cher, il y a peut-être une économie là dedans à trouver. C’est un rapport au cinéma qui est l’antithèse de ce que moi je fais par exemple mais ce n’est pas pour ça que je trouve cela pas bien. Je peux aussi apprécier ces films de série B fabriqués un peu comme des produits. C’est comme ça qu’il veulent le faire et ça leur va très bien. Bizarrement, ce qui fait que ça ne marche pas, c’est que jamais ils se disent qu’ils ont besoin d’être séduisants. C’est terrible mais je vois une question de caste là dedans. Il y a quelque chose qui les condamne quand même. Ils ne sont pas sexy, et quand on fait un film, on a besoin de montrer aux gens que le film va être bien, leur donner envie. Mais c’est comme s’ils n’avaient pas besoin de ça. Dans le milieu du cinéma, ils n’arriveront jamais à plaire aux gens qui décident. Même dans les banques avec leur manière de parler. Je trouve ça tragique et terrible parce qu’ils n’arriveront pas à percer dans le cinéma car ils sont comme ils sont. Je viens de la campagne aussi, et je sens qu’il y a quelque chose qui est de l’ordre de la classe sociale. Cela me touche beaucoup car je ne comprends pas pourquoi ils ne pourraient pas rêver à ça. Et ce qui est fou, c’est qu’ils ne le voient pas, que les gens qui font du cinéma ne sont pas comme eux. Il y a quelque chose du prolétaire qui se voit de toutes façons, et ça raconte quelque chose sur la France qui n’est pas trop joyeux pour le coup.
C’est cet aspect qui m’a rappelé beaucoup le film American Movie, qui en dit long sur la classe des white trash et le fait que celle ci ne leur donnera jamais accès au cinéma qu’ils veulent faire, qui est aussi un cinéma anachronique qui renvoie à une autre époque, des années 70 ou 80.
Oui, ils veulent faire les films qu’ils ont aimés quand ils étaient enfants, en fait.
D’un côté il y a cette dimension qui les rend très touchants, ce désir d’assouvir leurs rêves, et d’un autre côté, fabriquer un film - et Tu doutes, tu perds en témoigne - c’est aussi parler d’argent en permanence. Ensuite il y a ta présence qui pose des questions tout le temps, car toi en revanche tu as l’air de beaucoup plus douter. Et les réponses n’ont pas l’air toujours très satisfaisantes pour comprendre véritablement.
Souvent ils ne voient pas le problème. Là où moi ça me faisait très peur, ils n’arrivaient pas à aller sur le terrain de ces craintes, de l’endettement par exemple. C’est très étrange. Il y a une sorte de folie dans leur manière de faire des films.
Et puis il y a aussi cette présence de Salim, une entité dont il est question au téléphone mais on ne sait pas s’il existe vraiment.
Je ne l’ai jamais vu, mais j’ai quand même vérifié. Effectivement, ce type existe. Je laisse un peu un doute. Mais il représente vraiment ce fantasme de l’Amérique, cette idée qu’il y a quelque part en Amérique quelqu’un qui va les sortir de là. Ils l’appellent la nuit, il n’a pas de visage, mais il porte cet espoir que leurs vies puissent changer. Je le voyais vraiment comme l’homme providentiel qui va leur amener Julia Roberts et Harvey Keitel.
L’ aspect humoristique reflète-t-il bien leurs personnages ?
Les rushes étaient vraiment très drôles. J’avais du mal à ne pas rigoler. Il y a tellement un décalage constant. Étrangement, ça me faisait rire en regardant les rushes et quand je rentrais à Paris, j’y pensais - aller faire un film à Guinguamp avec Julia Roberts -, mais quand j’étais là bas, il y avait un truc un peu magique, j’y croyais un peu, comme une contamination. Tout les condamne, mais on ne se dit pas que Julia Roberts va venir dans cette zone industrielle. L’image est tellement en décalage avec qui est raconté.
Ils y croient vraiment, quand ils parlent de Gérard Depardieu en directeur de prison ?
Oui ils y croient. Je me suis rendu compte qu’il ne leur faut pas grand chose pour y croire. Il suffit qu’un financier leur donne un rendez-vous et ils se disent ça va être bon. Finalement Salim leur a expliqué que s’ils avaient de l’argent, ils pouvaient booker tel ou tel acteur. Ce n’est pas aberrant, mais le fait que Salim leur a dit que ce n’était pas impossible, ça leur suffit pour dire que c’est bon. Ils passent leur temps à se convaincre qu’avec un tout petit bout de possibilités, les choses vont se faire. C’est ce que m’a expliqué Jeff après. C’est vraiment un film sur la croyance. Il suffit de croire, ça les rend vivants.
Cela rejoint cette idée que s’il suffit de poser de l’argent sur la table pour avoir des acteurs, ça enlève totalement la dimension artistique de la qualité d’un scénario, etc. On dirait que dans leur conception on peut louer un acteur avec de l’argent.
C’est l’idée que toutes les relations qu’ils entretiennent sont argent, tout se monnaie, tout se vend. Ils viennent vraiment de là. Avant, Jacques vendait des engins agricoles et Jeff faisait des affaires en Afrique, il achetait du riz, du blé. Et ils font des films comme ça. Ils croient vraiment qu’on peut acheter Julia Roberts. Et pour eux si on met beaucoup d’argent dans un film, il va nous rapporter beaucoup d’argent. Tout est un produit pour eux. C’est pour ça que je dis que je trouve Jeff très docile. Ils répètent beaucoup le discours ambiant. Quand je les entends parler parfois j’ai l’impression d’entendre des slogans de marques de sport. Quand on veut, on peut. Just do it. Ils parlent avec le discours de la société. c’est une tragédie.
Du coup, il y a un matérialisme qui viendrait peut-être de leur background ouvrier, mais en même temps les sommes d’argent dont il est question semblent toutes complètement fantasmatiques.
Ce sont des sommes tellement énormes, que c’est complètement abstrait. Parler de deux millions d’euros par mois. Comme c’est délirant ! Le midi ils mangeaient dans une espèce de restaurant routier et ils ne payaient jamais. Au bout d’un moment ils se sont faits virer parce que c’est tellement peu concret pour eux cet argent. Comme ils parlent toute la journée d’emprunter cinquante millions, du coup payer dix euros pour un repas, ça leur échappe. Jacques considère que l’argent ça se trouve, ça ne se gagne pas. Jamais il ne dira qu’il a gagné sa vie. Il n’a jamais vraiment travaillé en fait. Il passe son temps à monter des projets. Il trouve de l’argent , mais c’est comme un rapport à l’argent assez maladif. Et quand on parle d’argent avec eux, on ne sait pas de quoi on parle. Quand je leur demande à quoi va servir l’argent, clairement ils ne savent pas du tout où est-ce qu’ils vont le dépenser.
Et les gens de leur entourage, qu’est-ce qui les pousse à leur faire confiance ? Est-ce que Jacques a une aura pour les convaincre ? Est-ce qu’ils sont dans le même fonctionnement mental que lui ?
Je n’ai jamais trouvé que Jacques avait un charisme exceptionnel, mais il leur vend tellement du rêve. Il leur montre que c’est possible. Il passe tellement de temps à refaire les décors, que ça paraît concret et que les gens commencent à y croire. Le film d’avant, ils l’ont fait avant d’avoir l’argent. Il suffit que les choses commencent à se faire pour que ça se passe. Effectivement, à un moment, il y a les décors, il réserve des bus. Quand il était censé tourner au Sénégal, à un moment il avait apprêté un bateau pour transporter le matériel. Il y a cette idée que s’il y a un bateau, du concret, les choses vont se faire. Donc il construit des décors, ce qui est très bizarre de commencer un film sur des décors. Et d’une certaine manière ça marche. Car j’ai cru longtemps très sérieusement qu’ils allaient faire un film. Je me suis toujours dit qu’ils allaient faire quelque chose dans ces décors, qu’ils allaient prendre une caméra. On se dit qu’après tant de travail, ce n’est pas possible qu’ils ne fassent rien. Et en fait, si !
Il y a la scène où Jeff est de dos et observe, et dans sa tête il est comme déjà dans le film. Peut-être que ça les aide à se convaincre aussi.
J’aime beaucoup quand ils imaginent le film, la porte qui va se lever, etc. On sent que le film est là. Ils se projettent. J’aime bien quand quelqu’un regarde quelque chose et il voit autre chose que ce que nous on voit.
Qu’est-ce que tu as appris sur le métier de cinéaste par leur biais ?
C’est plus un état d’esprit, de moins prévoir, c’est à la fois leur défaut et leur qualité, avec eux les choses sont possibles. Il y a cette idée que les choses vont marcher, quand ça ne vire pas à la folie bien sûr. Sur comment on finance les films, je n’ai pas compris grand chose, car j’ai tout simplement rien compris à ce qu’ils faisaient. Puis c’est tellement éloigné de moi, c’était comme un retour en enfance. Il y a une joie à faire des films chez eux. Les gens autour de moi qui font des films n’ont pas cet enthousiasme innocent. C’est quelque chose que j’aimerais bien garder, c’est joyeux de faire des films.
Jacques a aussi un caractère un peu inquiétant. Il y a un gars qu’il réduit à l’état de légume, et il s’en vante d’une façon presque joyeuse, et il y a aussi ce côté où on se demande comment est-ce possible qu’il ne soit pas derrière les barreaux, sa façon de faire est presque hors la loi.
Il y a tellement d’impuissance à ne pas faire ce film, et comme c’est un film où il se bat avec tout le monde et qu’ il n’y arrive pas à le faire dans le film, il a besoin de le concrétiser dans le réel. J’avais l’impression de voir une scène de son film quand il raconte ça. Parfois je me disais que s’ils arrivent à faire le film, ça ne va pas arranger leur caractère, ils ne vont pas devenir des gens biens. Ce qu’ils imaginent, cette réussite, accentuerait plutôt leurs défauts que leurs qualités. Mais Jacques n’est pas quelqu’un de très bien je pense. Il a une indifférence pour les gens qu’il met dans la merde qui est terrifiante. Presque tous les gens de son entourage lui ont intenté des procès. Mais il s’en sort toujours.
Même dans son langage, on dirait qu’il a deux personnalités. Comme quand son accent tout d’un coup se révèle dans la voiture, alors qu’à d’autres moments il arrive mieux à gérer ses intonations.
Oui, il peut être un peu inquiétant, un peu animal.
Ont-ils vu le film et comment l’ont-ils reçu ?
Jacques avait vu une version. Il y a des choses qui l’embêtaient, notamment par rapport aux gens dans le film qui ont engagé un procès contre lui. Il est toujours tellement persuadé qu’il va faire son film, cela n’est qu’une étape. Mais j’avoue que je suis très anxieux de la réaction du public. Le film fait penser à des choses contradictoires, il y a sûrement des gens qui vont trouver ça très drôle, d’autres détestable. J’aime beaucoup ce cinéma ouvert, je suis curieux de comment une salle va réagir.
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