L’homme est un loup
Le 3 octobre 2024
Un polar âpre et sans concession à la lisière du bis électrisé par un Philippe Caubère, survolté, démentiel, immense...
- Réalisateur : Frédéric Schoendoerffer
- Acteurs : Benoît Magimel, Béatrice Dalle, Moussa Maaskri, Philippe Caubère , Olivier Marchal, Tomer Sisley, Anne Marivin, Mehdi Nebbou, Jean-Claude Bourbault
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Film de gangsters
- Nationalité : Français
- Distributeur : Mars Distribution
- Durée : 1h47mn
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 17 janvier 2007
Résumé : Paris, de nos jours, grand banditisme. Claude Corti, cinquante ans, est l’un des rares hommes de pouvoir du métier. Proxénétisme, trafic de stupéfiants, faux billets, voitures, rackets, braquages, il sait tout ce qu’il se passe dans sa zone d’influence et prend une commission sur tout. Seule la violence lui permet de survivre. Franck, trente ans, est proche de Corti mais tient à son indépendance. Intelligent, efficace, Claude a confiance en lui. Corti tombe et passe quelques mois en prison. Juste assez pour que ses affaires commencent à se dérégler. Complot ou simple paranoïa ?
Critique : Autant 36, Quai des Orfèvres misait sur le divertissement prime time et ainsi le beau succès populaire (ce qu’il a eu) ; autant Truands emprunte l’autre sentier : celui, crasseux, des films amoraux qui ne sont pas conçus pour faire plaisir aux mirettes et au moral. Il dessine en creux une implacable parabole sur l’avidité, le pouvoir et les relations humaines perverties. Dans ce registre âpre et sans concession, Frédéric Schoendoerffer - qui plonge une nouvelle fois dans un univers clos vu sous son angle douloureusement réaliste - se montre plus décomplexé que dans ses deux précédentes tentatives (les très surfaits Scènes de crimes et Agents secrets). Sa grande qualité est d’aller directement au but : en peignant un univers viril, transgressif et misogyne rongé par le vice, débarrassé de morale et d’éthique, où les truands comparent leurs bagnoles, leurs nanas et leurs calibres ; en filmant la mort brutale au coin de la rue comme à la sortie d’une discothèque ; en captant l’humanité des pires crevures, le cinéaste amplifie la réalité, en fait beaucoup dans l’outrance, ose scruter des conflits claniques, des soubassements et plus généralement des situations tellement tendues qu’elles peuvent paraître grand-guignolesques (les scènes de torture, excessivement brutales) et donne un grand coup de pied dans la fourmilière du cinéma de genre français. Le bon vieux bis des années 70 avec répliques cultes, misogynie à peine dissimulée et acteurs sous ecsta.
Ce film, qui aimerait ressembler à Scorsese et Ferrara, ne serait résolument rien sans Philippe Caubère, borderline, tonitruant, détraqué, survolté, horriblement magnétique en parrain du crime. Carnassier, à la limite de la démence et du cabotinage, il bouffe littéralement ses partenaires, son personnage et, enfin, le film lui-même. Même lorsqu’il n’est qu’au second plan, on ne voit que lui : on le regarde se fondre dans ce monde avec fascination et second degré. Quant à ceux qui daigneraient voir de la complaisance crasse dans cette œuvre sang pour sang noire où l’homme est un loup pour l’homme, ils doivent repenser à la morale du film (parce qu’il y en a une) : dans la vie, on est toujours tout seul, l’entraide est bannie et les larmes de crocodiles ne servent à rien. Truands est un film qui nous inocule de la haine de ce monde. Il s’avère aussi tellement excessif que ses intentions fièrement affichées peuvent se retourner contre lui, scènes invraisemblables et acteurs inégaux à l’appui.
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cyberspace7119 26 février 2007
Truands - Frédéric Schoendoerffer - critique
La qualité de TRUANDS est justement d’être un film neutre : Schoendoerffer ne juge pas cet univers violent et sans scrupules, il le montre de façon ultraréaliste tout en laissant le spectateur libre de se faire son propre jugement.
Côté violence, le film choque un max et certaines scènes sont insoutenables. En revanche, je ne suis pas d’accord avec la critique du site : Philippe Caubère n’est pas toujours effrayant, et tend trop souvent à surjouer comme un dingue. Venant d’un acteur aussi rare et négligé, voilà une sacrée déception. D’autant que la majorité du film reposait sur ses épaules !
vincentho 8 mars 2007
Truands - Frédéric Schoendoerffer - critique
Un film totalement raté ! Les acteurs ne sont pas du tout à leur place, les dialogues tombent à plat, et tout sonne faux, notamment les scènes d’action (ratées...) violentissimes en plein coeur de Paris... A oublier