Le 24 janvier 2021
Un spectacle "performance" qui convoque théâtre, danse, musique live, vidéo et dimension plastique. Le tout dans une scénographie éminemment poétique et totalement immersive.
- Acteurs : Mia Delmaë, Thomas Durand, Koffi Kwahulé, Mexianu Medenou, Alexis Tieno, Assane Timbo
- Durée : 1h30min
- Compositeurs : Vincent Robert-Musique, Yoka Oshima, Guillaume Callier, Mia Delmaë
- Auteur : Natacha Appanah
- Metteurs en scène : Benjamin Gabrié- Scénographie et Lumières - Muriel Habbrard- Vidéo - Noémie Régnart- Dramaturgie - Suzanne Barbaud- Décors - Yohann Chemmoul- Décors
- Genre : Performance théâtrale
- Salle de Théâtre : Théâtre de la Cité Internationale
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Résumé : Sur l’île de Mayotte, dans le plus grand bidonville de France, celui de Kaweni, vit une jeunesse livrée à elle-même, dont Moïse qui , comme des milliers de migrants, tente la traversée depuis les Comores. Sa mère l’a confié à Marie, une infirmière venue de métropole. Mais Marie souffre de sa stérilité et accepte d’élever Moïse jusqu’à ce qu’elle meurt d’un accident cérébral. Moïse a alors 15 ans. Livré à lui même, il rejoint " Gaza ", le surnom de ce bidonville où vivent plus de 3000 jeunes isolés. Il y rencontre celui qui s’est proclamé " le roi de Gaza ", Bruce, qui après l’avoir pris sous son aile va le contraindre à un combat à mort. Stéphane, humanitaire, et Olivier, policier, vont nous accompagner tout au long du récit et tenter de gérer une situation insoutenable.
Critique : Venir assister, ce Jeudi 21 janvier à la représentation de Tropique de la violence au Théâtre de la Cité Internationale a revêtu pour nous des allures surréalistes. Mais pourtant le spectacle était bien là !
Bien présent. Nous ne rêvions pas... Magnifique et grandiose, qui plus est !
"Quand je regarde le fond de la mer, je vois des rêves accrochés aux algues et des bébés dormir au creux des bénitiers".
Ainsi parle la mère de Moïse sur un kwassa kwassa, au fil de l’eau et elle rêve d’Europe.
Photo : Jules Beautemps
Ainsi débute la pièce et ces paroles nous immergent d’emblée dans un ailleurs insulaire, quelque peu semblable à celui dans lequel nous nous trouvons. Nous sommes très peu dans la salle ce 21 janvier. Mais face à nous, ils sont des milliers.
Contraste saisissant et quelque peu dérangeant...
On ne les voit pas. On ne les entend pas. Mais on les imagine fourmillant dans ce no man’s land où ils font la loi, égarés et shootés au chimique.
Ils marchent, mais pour aller où ? Ils marchent à côté d’eux-mêmes, sans savoir qui ils sont, tous ces gamins issus pour la plupart de la plus grande maternité de France, la fange de la France, celle de Mamoudzou.
Seul Moïse est là, sculptural et charismatique. Il court, Moïse à la fin de la représentation, face à nous, les pieds claquant dans l’eau présente sur le plateau , tout de rouge vêtu, comme pour nous adresser un cri d’alarme. Il ne dit rien. Il court, mais il suffit de tendre l’oreille pour comprendre...
Autour de lui, des figures d’outre-tombe planent, pourtant réconfortantes et protectrices.
Photo : Jules Beautemps
La composition musicale écrite au synthétiseur modulaire, et secondée par une percussionniste, renforcent l’impression de veille et de sommeil présente pendant tout le spectacle.
La mise en scène d’Alexandre Zeff, adaptée du roman de Natacha Appanah, est soutenue par la resplendissante scénographie de Dominique Gabrié et plonge le spectateur dans cet ailleurs insulaire, pourtant si proche de nous.
Derrière la beauté pure de cette représentation, c’est vers une conscience citoyenne qu’il faut tendre, mais sans misérabilisme, ni pathos.
C’est dur par moments, mais l’humanité ne l’est-elle pas ?
Puissent l’art et la culture, par les temps qui courent, nous aider encore et encore à nous ouvrir les yeux sur le monde, lorsque ce dernier reprendra sa course régulière...
Photo : Jules Beautemps
En tout cas, Tropique de la violence y participera certainement, tout comme les choix artistiques de la compagnie la Camera Obscura, qui interroge notre société en donnant la parole à ceux et a celles qui en sont privé.e.s.
A la rentrée, en septembre, dès que les portes des théâtres rouvriront, courez voir cette remarquable adaptation au TCI.
Quand littérature et théâtre se rencontrent, le monde est plus beau encore.
Spectacle réservé pour l’instant aux professionnels de la culture (journalistes/ programmateurs ).
Le lundi 18, mardi 19, jeudi 21, vendredi 22 et lundi 25 Janvier 2021, à 16h.
Théâtre de la Cité Internationale
17 Boulevard Jourdan
75015 PARIS
Durée : 1h30
Production : La Camera Obscura
Production déléguée : Théâtre Romain Rolland- Scène conventionnée
Soutiens : Drac Ile-de-France - Ville de Paris-Conseil départemental du Val-de-Marne- Ville de Villejuif - Adami- Spedidam- Ministère des Outre-Mer- Fondation Ocirp- CDN de Saint-Denis
Prochaines dates : Du 13 au 24 Septembre au Théâtre de la Cité Internationale ( Paris 15ème )
Galerie Photos
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