Le Guide du mauvais père . T.4 - La chronique BD

Si ses chroniques à l’étranger lui ont assuré un immense succès et une reconnaissance de la critique, pour beaucoup Guy Delisle a su réinventer la parentalité avec ce petit format du Guide du mauvais père (gros comme un manga), qui aux côtés de Trondheim ou Boulet mène l’introspection avec humour et légèreté, en apparence toutefois. Une fois n’est pas coutume, quelques pages amènent une jolie touche d’émotion finale, qui laisse penser que ce quatrième tome était peut-être le dernier. Les enfants grandissent si vite... Au-delà de cet épilogue, on se demande évidemment si tout ce que raconte l’auteur est véridique, parfois amélioré ou inventé, mais le côté réaliste, qui est arrivé à tant de pères avant lui, ce côté assumé, ne cesse de plaire, tome après tome, page après page. Pas de politique exaltée, pas de messages cachés, quelques critiques, mais essentiellement sur soi-même, l’ouvrage est comme toujours autosuffisant, réjouissant et désopilant.

© Delcourt

Tout a déjà été dit sur le style de Guy Delisle, dont le trait valorise le noir et blanc comme peu savent le faire, au sens où il lui apporte une densité comique rare et difficile à conquérir. En cela, le manga n’est pas très loin, lui aussi profitant de ses contraintes pour se réinventer, particulièrement dans le but de faire rire. La famille Delisle fait donc partie de ces gens que l’on aimerait connaître, car leurs personnages sont particulièrement charmants. De fait, leur intimé suggère le vrai bonheur, elle paraît idyllique grâce à ce penchant pour la transgression des règles d’une famille idéale et harmonieuse.

© Delcourt

Facile à prendre, difficile à lâcher, Le Guide du mauvais père est une perle de cette nouvelle vague de BD, pleine d’esprit et d’humour, de chair et de vécu, qui au-delà de la parentalité heureuse, montre un auteur passionné et intéressant.