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Le 14 mars 2007
François Ozon s’attaque aux films de Douglas Sirk à la manière de son maître Fassbinder. Une nouvelle fois, il fascine et déconcerte.
- Réalisateur : François Ozon
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Mélange de raideur théorique et de pastiche ironique, Angel confirme chez François Ozon un besoin de tourner en dérision des genres. Ici, le réalisateur s’attaque aux films de Douglas Sirk à la manière de son maître Fassbinder. Une nouvelle fois, il fascine et déconcerte.
Comment avez-vous découvert Romola Garaï ?
Lors du casting, elle a démontré avec une vraie aisance qu’elle était capable de retranscrire des gammes d’émotion différentes en pouvant être à la fois agaçante et séduisante. Elle n’avait pas peur du personnage parce qu’elle connaissait le roman d’origine écrit par Elizabeth Taylor qui s’inspire de la vie de Marie Correlli. On a appris en faisant des recherches qu’elle était une romancière très populaire, amie d’Oscar Wilde, chouchoute de la reine Victoria mais aussi et surtout très excentrique : je crois qu’elle était lesbienne et naine.
Quels sont les avantages et les inconvénients de tourner dans la langue de Shakespeare ?
Swimming pool était déjà en anglais. A ce moment-là, j’avais le désir de tourner dans la langue maternelle de Charlotte Rampling. Dans Angel, ça vient essentiellement du livre avec son histoire très anglaise et de son héroïne qui ressemble à une Barbara Cartland un peu trash. Pour moi, c’était un défi. Je trouvais amusant de me confronter à une autre culture, à des techniciens anglais, à des acteurs anglais. Sur Angel, je me suis confronté à d’autres difficultés. J’ai moins l’habitude de gérer les scènes de figuration comme lors de la séquence de la réception où j’ai utilisé une grue. Il y a des paramètres techniques que je me suis imposés comme ajouter un arc-en-ciel. Avec ces effets, on est complètement dans l’imaginaire d’Angel. J’ai essayé de traduire ça avec une certaine élégance. Par exemple, le recours aux transparences sert à retranscrire à quel point elle est déconnectée du monde.
Avez-vous conscience de dérouter sur ce film plus que sur vos précédents ?
Je déroute sciemment parce que j’adore dérouter. J’aurais aimé faire un mélodrame au premier degré mais je suis trop pervers pour réussir à en faire. Quand je revois mes précédents films, je me dis toujours qu’il n’y en a aucun qui soit parfaitement réussi. Je pense qu’ils sont tous représentatifs de ce que j’étais au moment où je les ai fait. A chaque fois, j’ai essayé de faire du mieux que je pouvais. Les amants criminels, que j’avais écrit avant Sitcom, est un projet que j’ai tourné après et avec le recul, je me dis que ce n’était pas une bonne idée. Quand certains projets ne se font pas, je ne pense pas que ce soit utile d’y revenir. En même temps, j’ai appris beaucoup sur cette expérience. Sur chacun de mes films, je ne regrette rien.
Propos recueillis à Paris, le 5 mars 2007
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