Promesse d’un livre meilleur
Le 23 mai 2006
Le premier roman de Richard Powers. Un avant-goût de sa prodigieuse dextérité.
- Auteur : Richard Powers
- Editeur : Editions 10-18
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Américaine
L'a lu
Veut le lire
Le premier roman de Richard Powers. Un avant-goût de sa prodigieuse dextérité.
La découverte d’un auteur par un chef-d’œuvre donne forcément envie d’aller voir ce qui se cache derrière. Ça tombe bien, car à peu près en même temps que Le temps où nous chantions, le premier roman de Richard Powers paraît en poche. Il aura fallu attendre vingt ans pour que Trois fermiers s’en vont au bal soit traduit en français. Et c’est regrettable : à les lire dans cet ordre là, la comparaison n’est pas en la faveur du premier. Pourtant il recèle en germe l’immense talent de Richard Powers : une écriture bouillonnante, une narration foisonnante, un récit complexe. Mais cette densité est peut-être un peu trop brouillonne, presque mal maîtrisée, comme si l’auteur s’était laissé déborder par son incommensurable génie. Finalement, le prodige, ça se mérite car les deux cents premières pages sont extrêmement ardues et il faut s’accrocher pour aller au bout de ce roman inclassable.
Tout part d’une célèbre photo d’August Sander prise en 1914 et qui représente trois jeunes hommes endimanchés au bord d’un chemin boueux. Obsédé par ce cliché, Richard Powers lâche tout et décide d’écrire l’histoire de ces garçons. Deux ans de travail lui seront nécessaires pour donner naissance à cet enchevêtrement de trois destins : celui du narrateur qui tombe en arrêt devant cette photo, frappé par sa ressemblance avec l’un des protagonistes ; celui de Peter Mays, gratte-papier dans une revue informatique dont l’obsession pour une jeune rousse le mènera à cette photo ; et bien sûr le destin des trois "modèles". Au mépris des conventions littéraires, Richard Powers nous mène à sa guise tout au long de soixante-dix ans d’histoire de part et d’autre de l’Atlantique, convoquant au gré de son humeur des grandes figures comme Henry Ford ou Sarah Bernhard. En chemin, il hésite entre narration romanesque et essai sur la photographie ou la perception des œuvres d’art, d’où des passages parfois laborieux. Mais le dernier tiers du roman sonne comme une récompense, lorsque le rythme s’emballe et que les nœuds se délient : un véritable feu d’artifice, annonciateur de ce que The New York Times et The Washington Post ont élu meilleur livre de l’année, Le temps où nous chantions.
Richard Powers, Trois fermiers s’en vont au bal (Three farmers on their way to a dance, traduit de l’américain par Jean-Yves Pellegrin), 10/18, 2006, 515 pages, 10 €
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.