Le 12 mars 2020
Avec ce personnage de gouvernante haut en couleur, Trois étés apporte un rayon de soleil sur les écrans, malgré les hésitations scénaristiques et les maladresses de la mise en scène.
- Réalisateur : Sandra Kogut
- Acteurs : Regina Casé, Otávio Müller, Gisele Fróes, Rogério Fróes
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français, Brésilien
- Distributeur : Paname Distribution
- Durée : 1h34mn
- Date télé : 31 janvier 2021 22:30
- Chaîne : OCS City
- Titre original : Três Verões
- Date de sortie : 11 mars 2020
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Résumé : Chaque année, Edgar et Marta organisent une grande fête dans leur luxueuse résidence d’été, orchestrée par leur gouvernante Mada et les autres employés de la maison. Mais, en trois étés, tout va basculer. Alors que le monde de ses riches patrons implose, balayé par des scandales financiers, Mada se retrouve en charge de la propriété dont elle est bien décidée à tirer le meilleur parti. Le portrait décapant d’une société néo-libérale à bout de souffle, rongée par ses démons.
Critique : Elle a de la gouaille, cette Mada ! Elle exerce le métier de gouvernante au sein de la maison luxueuse d’Edgar et Marta, où elle dirige une équipe de domestiques dévoués. Elle arbore un sourire permanent et un optimisme incroyable, en dépit du mépris affiché de ses patrons et de l’indifférence relative qu’ils lui vouent. La demeure baigne dans le luxe inouï, au bord d’une plage paradisiaque, jonchée de bateaux et bordés de palmiers verdoyants. Chaque année, au moment de Noël, la famille et les amis s’y retrouvent et s’adonnent à des festivités démesurées. L’alcool coule à flot, les victuailles s’empilent sur les tables et chacun des convives s’abandonne à tous les excès.
- Copyright Paname Distribution
Trois étés est rythmé, comme le titre l’indique, par le cycle des étés qui se répètent, avec pour axe narratif, les fêtes de fin d’année. L’idée scénaristique demeure tout à fait intéressante, même si la réduction de l’intensité du récit à la seule période de décembre, pose des questions de vraisemblance. Pour autant, ce parti pris très théâtral avec un temps et un lieu uniques, cadencés par trois actes, apporte au film une véritable originalité qui fonde, avec le personnage excessif et fantasque de Mada, son cœur d’intérêt. La trame narrative est assez conventionnelle, avec un point de tension au milieu de l’histoire et le format relativement réduit du film évite l’écueil de l’ennui.
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Sans doute que le film ne bénéficierait pas de ce rythme enjoué, sans la présence de Regina Casè. La comédienne irradie totalement l’écran, jusqu’à se retrouver à jouer l’actrice dans une publicité qui inonde de neige artificielle la maison, malgré l’ensoleillement estival. Elle rit, elle chante, elle court, elle pleure (rarement). Bref, elle vit et cette joie d’exister inébranlable traverse tout le long-métrage. Du coup, les personnages qui l’entourent paraissent plus fades, à l’exception du grand-père, un veuf esseulé, intellectuel et bougon, qui rend hommage à la solidarité transgénérationnelle. D’ailleurs, si au début du film, les protagonistes sont nombreux, ils se dissipent peu à peu pour se centrer sur la relation entre Mada, son équipe et le vieil homme.
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Voilà donc un joli film, sans prétention, qui donne envie de se sauver sur cette plage paradisiaque en cette période de crise. Toutefois, le regard de la cinéaste n’esquive pas la question profonde du choc économique au sein des classes moyennes, et de la fracture entre les classes prolétaires et les très riches. Sandra Kogut dénonce un Brésil assommé par la corruption et l’attitude "m’as-tu-vu" des castes aisées. Cette image très colorée de la société n’est pas sans rappeler les photographies brésiliennes où l’on voit des buildings flambants neufs, qui percent le ciel, avec en contrebas, l’alignement des logements de fortune et des bidons-villes. Trois étés constitue donc comme une sorte de métaphore théâtrale de la fracture économique qui étouffe les pays émergents et peut-être tout le monde du capitalisme.
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