Un livre qui va intéresser tous ceux qui ont envie de se pencher sur des études et des réflexions sur ce qu’est le transmédia, ses différences avec l’adaptation, comment la BD peut trouver – ou a trouvé - sa place en son sein.
N’étant pas nous-même universitaires de profession, nous poserons le regard du profane, voire du béotien, sur ce recueil.
Ne se posant pas comme parole d’évangile, ce livre a l’avantage de soulever de nombreuses questions, par ses études comparatives et ses articles d’analyse. Les réponses qu’il propose sont elles-même source de discussion et de réflexion.
Il faut donc le prendre comme matière à penser. Certes, le premier problème pour le profane sera le vocabulaire employé.
Certains des auteurs tombent dans un souci de public destinataire. Ils s’adressent visiblement à d’autres universitaires et les définitions de certains termes sont absentes, ou alors le lecteur est renvoyé à la lecture d’autres ouvrages pour en savoir plus sur un simple mot. Plus intéressant, quand le mot est éclairci, est la vision qu’en ont les uns et les autres. Cette vision – ou plutôt ces visions -, vous pourrez les saisir pleinement seulement si vous connaissez un tant soit peu les œuvres évoquées.

Ce qui amène à un autre point, ce livre vous donne l’envie de lire d’autres livres. Non pas forcément les travaux universitaires évoqués en bibliographie mais bien les œuvres dessinées sur lesquelles s’appuient certains. Et cela va de Dragon Ball à L’étranger de Camus illustré par Munoz en passant par les comics consacrés à Star Wars.

De l’autre côté, en croisant les bibliographies, vous pourrez aussi trouver les références fondatrices qui reviennent régulièrement dans de nombreux chapitres, voire dans tous les chapitres. Et si vous souhaitez creuser un peu plus l’aspect réflexion et analyse, vous pourrez aller les lire.

Et un dernier point, prenez le temps de lire ce livre. Outre le problème de vocabulaire, qui vous amènera à sortir votre dictionnaire pour ne pas être largué, les réflexions effectuées par tous ces auteurs suivent des chemins déductifs parfois peu évidents... à suivre. Ne vous dites pas que vous pourrez parcourir ce recueil entre deux cafés au bureau. Il faut vous poser, tranquillement, et prendre votre temps pour lire un chapitre en entier, et si le sujet vous a intéressé, y réfléchir par vous-même, avec quoi êtes-vous d’accord, avec quoi n’êtes-vous pas d’accord ? L’œuvre servant d’exemple ne mériterait-elle pas d’être relue à la lumière ce cet article ?

Quel regard peut-on porter sur l’analyse d’une œuvre ? Car parfois, ce n’est pas toujours l’auteur qui s’exprime sur ce qu’il a voulu faire, mais les analystes qui vous expliquent ce qu’ils pensent que l’auteur a voulu faire. Cette nuance est très importante. Mais heureusement, certains s’appuient sur des articles, des entretiens consignés avec les auteurs de fictions concernées, pour valider ou renforcer leur vision.

Et si la différence entre adaptation (raconter la même histoire sous une autre forme - comme adapter les Sept samouraïs en réalisant les Sept mercenaires - ou sur un autre support - comme raconter Rosalie Blum, la BD, en film cinématographique - voire les deux en même temps – comme adapter le film les Sept samouraïs en série télé animée et en le plaçant dans un monde d’anticipation) et transmédia (raconter une histoire dans un univers sous forme éclatée sur différents supports – comme Matrix, avec la trilogie de films, les courts-métrages animés, le jeu vidéo et les comics qui racontent dans le même univers, des moments différents d’une histoire unique) vous apparaîtra assez facile à cerner, vous constaterez que dans la pratique, ce n’est pas toujours si clair que ça. C’est là que la discussion intervient et c’est là que vous vous forgerez votre propre avis selon les cas étudiés.

Transmédialité, Bande dessinée et Adaptation est un livre passionnant pour tous ceux qui s’intéressent à la théorie de la BD, à la réflexion sur l’adaptation et à la notion de transmédia. Difficile d’accès pour les non-universitaires et théoriciens de ces thématiques, il reste néanmoins fort intéressant pour tout profane qui décide de prendre le temps et l’énergie de s’y plonger.