Critique : Historien et critique d’art depuis de très nombreuses années, drôle d’érudit, mais jamais cuistre, ni ostentatoire, Hector Obalk, dans son dernier spectacle imaginé, conçu et mis en scène par lui-même, propose un spectacle trublion alliant à la fois le stand-up, la performance, le show humoristique, le tout via une dimension pédagogique savoureusement enrichissante.
Nous étions à l’Olympia le 13 juin dernier pour une unique représentation dans le lieu, avant le grand départ vers le Off 2021 d’Avignon et, à la rentrée, le Théâtre de l’Atelier, puis la Cigale.

Corpus Production

Sur le mur gigantesque de fond de plateau, environ quatre mille vignettes en très haute définition représentent des tableaux célèbres connus par le plus grand nombre, de Giotto à Yves Klein, de la Renaissance, en passant par Caravage et l’art moderne, à partir de l’impressionnisme.
La performance est envoûtante, ponctuée par des intermèdes en live de musique classique, chère au metteur en scène, avec du violoncelle, du violon et parfois une cantatrice virevoltante.

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Tout est calé, réglé, organisé dans cette représentation, et quand les choses parfois dérapent ou s’égarent, pas de péril en la demeure : Hector Obalk rattrape le tout avec un grand doigté et une pointe d’humour fine et subtile.
Rien ne semble pouvoir l’arrêter, lorsqu’il s’agit de parler d’art et de peinture. A chaque représentation, le spectateur le découvre d’emblée emporté, passionné, mais n’affichant jamais un ton ostentatoire dans ses analyses. Bien au contraire, le propos s’accommode d’une forme de vulgarisation dissimulée, qui captive le spectateur.
Car comment ne pas être envoûté par un homme qui a fait le pari d’analyser le plafond de la Sixtine, célèbre chapelle du Vatican et chef-d’oeuvre de Michel-Ange, en ayant obtenu l’autorisation de planter un échafaudage de douze mètres de haut, pour saisir encore et encore les moindres détails de cette œuvre célèbre ?

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Obalk est un insatiable amoureux de la peinture et de l’art, boulimique érudit qui oscille entre un Fabrice Luchini et un Raymond Devos, affichant également, ici ou là, quelques postures à la Louis de Funès .
Le tour de maître est joué : le spectacle fonctionne remarquablement.
Il a fallu du courage à l’auteur pour imaginer une telle performance, de la passion, de l’audace aussi et, à ce titre, le spectateur est conquis, et en sortant il se sent, à n’en point douter, plus érudit.

L’humour est toujours présent dans ce spectacle à nul autre pareil. Il participe quelque peu à désacraliser l’art en le rendant accessible.
Hector Obalk fait aimer la peinture plus qu’il ne cherche à la faire comprendre.
Ce "one-man-show-concert-projection" laisse à deviner un travail d’analyse titanesque. L’artiste souligne les détails d’un tableau et les commentaires sont pointus, lyriques, acerbes et parfois pince-sans-rire. Pour chaque spectacle, Obalk choisit arbitrairement quinze chefs-d’oeuvres de grands peintres, afin d’illustrer un propos particulier et privilégie les époques et non pas les artistes.
Point de solennité dans les choix judicieux de la mise en scène et l’irrévérence n’est jamais très loin dans l’angle d’approche que le performeur a choisi.
On sourit, on rit, on passe un merveilleux moment chatoyant, vif et libérateur.

Comme le dit le performeur : "je fais de la critique d’art à l’intérieur de l’histoire de l’art et j’aime transmettre le goût plutôt que le savoir ".