Abel, dix-sept ans, drogué, écrabouillé
Le 5 janvier 2005
Sobre et incisif, le carnet de route d’une adolescence broyée par la drogue. Ni analyse, ni explication d’une dérive mais la simple retranscription fidèle des joies, des manques, des rencontres et des pertes qui font le chemin d’une vie.


- Auteur : Kéthévane Davrichewy
- Editeur : Arléa
- Genre : Roman & fiction

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Avec ce premier et bref roman, écrit à la première personne, on aurait pu s’attendre à du déjà dit, déjà fait ; la énième plongée en apnée dans le monde de la dépendance décrite sans style, sans personnalité, jetée à même la feuille sous prétexte d’urgence et de nécessité.
Or ici, on découvre tout autre chose. Une œuvre, une voix qui naît sous nos yeux et touche juste sans rien faire pour.
C’est que la descente aux enfers et le combat pour en sortir ne font pas l’essentiel de ce récit. Sa force est ailleurs. On est avant tout saisi par la sincérité, l’évidence avec lesquelles sont consignés des moments d’enfance universels : une petite fille sur une balançoire, que le narrateur rêve d’aborder ; le regard d’un petit garçon sur sa mère ; la rencontre avec un être libre et flamboyant, un aîné "expérimenté", dangeureux, qui sera, dans la vie d’Abel, le grand ordonnateur des premières fois.
Tout ira bien dit aussi et surtout que le manque, loin de n’être qu’une conséquence de la dépendance, la précède, la fonde. Manque d’amour ou de prise sur le monde, manque d’espoir ou de vision d’avenir, c’est pour combler ce vide parfois infime aux yeux des autres que l’on accueillera toute garde baissée la moindre source de sensation, fût-elle artificielle. Il s’agit de se sentir vivant, à tout prix, quitte à en mourir.
Kéthévane Davrichewy, Tout ira bien, Arléa, coll. "1er mille", 2004, 95 pages, 12 €