Toulouse accueille une exposition BD dédiée à Alberto Breccia

L’exposition toulousaine consacrée à Alberto Breccia est un petit événement, dans la mesure où elle retrace le parcours d’une figure incontournable de la bande dessinée sud-américaine.

Bien que né à Montevideo (Uruguay), Alberto Breccia (1919 - 1993) est considéré comme le père fondateur de la bande dessinée argentine contemporaine, son pays d’adoption qui accueille sa famille alors qu’il n’a que trois ans. Autodidacte, Breccia débute sa carrière dans l’illustration et l’adaptation de romans populaires. L’année 1957 est un tournant pour Breccia. Il devient cette date enseignant à l’Escuela Panamericana de Arte où il forme - en compagnie d’un certain Hugo Pratt - la nouvelle génération de dessinateurs argentins, parmi lesquels Mandrafina ou José Muñoz. Il rencontre cette même année l’éditeur et scénariste Héctor Germán Oesterheld, avec lequel il s’affranchit des contraintes éditoriales en réalisant Sherlock Time (1957) et surtout Mort Cinder (1962), l’un des chefs-d’œuvre de sa bibliographie, disponible chez Rackham.. Passionné par l’enseignement, Breccia est confronté aux tourments de la dictature militaire argentine (1967-1983). Les autorités font détruire les originaux et les livres de sa biographie de Che Guevara en 1969. Son ami Oesterheld meurt dans l’un des nombreux camps clandestins de détention mis en place par la dictature... Breccia réalise alors des adaptations d’œuvres littéraires (Lovecraft, Poe) et contourne habilement la censure en traçant des parallèles entre ses productions et l’actualité argentine. Avec Juan Sasturain, il signe Perramus à partir de la chute de la dictature militaire en 1983, hommage vibrant aux victimes du régime. Célébré en Europe, Breccia reçoit en 1989 le prix Amnesty International récompensant la meilleure œuvre sur les droits de l’homme. S’intéresser à Breccia, c’est aussi plonger dans l’histoire tourmentée mais fascinante de l’Argentine au XXe siècle.

Couverture des Mythes de Ctulhu, adaptée par Alberto Breccia - ©Breccia / Rackham pour l’édition française

L’exposition toulousaine retrace le parcours de l’artiste à travers une trentaine d’originaux, des imprimés, des premières éditions ainsi que des photographies et divers enregistrements audiovisuels. Il s’agit d’une occasion unique de découvrir les originaux d’un grand artiste de la bande dessinée peu exposé en France. Jusqu’ici, seul le Musée de la bande dessinée d’Angoulême lui avait consacré une exposition en 1992, et Breccia faisait partie du panel d’auteurs représentant la bande dessinée argentine en 2008. À Paris, la galerie Martel a exposé ses planches en 2009.

Case tirée de Mort Cinder d’Alberto Breccia et de Héctor Germán Oesterheld - ©Rackham pour l’édition française

L’exposition est réalisée en partenariat avec le festival BD Colomiers qui se tiendra du 16 au 18 novembre 2018. Une table-ronde sur La bande dessinée argentine aujourd’hui se tiendra également à la médiathèque José Cabanis le 28 novembre à 18h, en présence des dessinateurs argentins Lucas Varela et Pedro Mancini, de l’éditrice (Insula) Claire Latxague et de la commissaire d’exposition Laura Caraballo.

Gratuite, la visite de l’exposition s’effectue pendant les horaires d’ouverture de la médiathèque, que vous retrouverez avec l’ensemble de l’agenda culturel de la manifestation sur le site des bibliothèques de Toulouse