Le 18 octobre 2024
En déroulant les mille et une facettes de cette matière finalement si quotidienne, à savoir la terre, Jérémie Basset réussit à emporter le spectateur dans une forme de poésie du monde. Un joli film qui prend soin des gens.
- Réalisateur : Jérémie Basset
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Jupiter Films
- Durée : 1h08mn
- Date de sortie : 16 octobre 2024
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Résumé : Le renouveau en cours de la construction en terre crue, un matériau aussi ancien que l’architecture elle-même. Des experts en archéologie, en science de la matière, en architecture et en technique de construction dévoilent les diverses facettes des édifices en terre, en écho avec l’avancée d’un chantier dit « participatif ». Des apprentis y découvrent comment façonner à la main un mur en terre, en ajoutant un peu de paille et d’eau trouvés sur place. Du sol au mur, de la main qui pétrit au chantier à haute technologie, un extraordinaire voyage vers ce qui semble parfois si ordinaire, la matière terre et l’acte de construire.
Critique : Tous les jours, et depuis des millénaires, l’homme piétine la terre, en extrait la chair gorgée d’eau pour en construire des chefs-d’œuvre d’architecture comme la fameuse muraille de Chine ou des villes endormies d’Irak. Il fallait une certaine dose de curiosité et surtout beaucoup d’audace pour faire de cette matière quotidienne un documentaire de plus d’une heure. Jérémie Basset, dont on découvre au cinéma la première œuvre, va à la rencontre d’une matière aussi fascinante que mystérieuse, que de nombreux scientifiques ou architectes se délectent à commenter.
Il faut dire que le cinéaste sait capter des images d’une très grande beauté, qui rajoutent à la terre un caractère pour le moins fascinant. Ainsi, le choix du documentariste s’oriente vers l’accompagnement d’un chantier participatif, qui alterne avec des témoignages scientifiques d’une grande densité. On y voit un groupe de jeunes gens danser, pétrir la terre, et peu à peu façonner la forme d’une maison qui devrait rester debout plus d’un millénaire. Il y a un peu de caricature chez ces jeunes, foncièrement de gauche, qui cultivent l’idéal d’un monde où la nature, le goût des choses simples prendraient la place du tout consumériste.
- Copyright Jupiter Distribution
La philosophie et la spiritualité ne sont évidemment pas éloignées de ce sujet qui se plaît à retrouver les origines du monde. Un poème de Francis Ponge, absolument magnifique, est convoqué pour donner chair à une matière bien plus importante que sa fonction de construire des bâtiments. Jérémie Basset parvient à faire de la terre un symbole d’humanité et d’universalisme.
Les scènes où l’on retrouve la bande enjouée de jeunes maçons ne sont pas les meilleures. Elles ternissent parfois un peu des images resplendissantes où l’on voit l’agilité et la magie d’une matière si rarement regardée de si près au cinéma. Le réalisateur parvient à saisir la passion qui étreint tous les personnages, dès lors qu’il s’agit de rendre compte d’une expérience particulière avec la terre. Le son, la lumière et la photographie semblent très travaillés, avec en contrepoint un montage très délicat qui rajoute à la fascination de ces personnes pour l’argile.
- Copyright Jupiter Distribution
Toucher terre réussit son pari : conduire le spectateur au cœur d’une matière, pourtant fondamentale, mais dont il ignore la richesse. Mais le film ne prend pas tant le partie de scruter une matière que de rendre hommage à des personnes à travers le monde, qui, depuis des siècles, s’approprient des espaces personnels en prenant soin de la planète tout entière qui les contient.
Voilà donc un film apaisant, sensible, qui se regarde et s’écoute à la façon du poème de Francis Ponge, qui écrivait en 1950 : « Ce qui est tout à fait spontané chez l’homme, touchant la terre, c’est un affect immédiat de familiarité, de sympathie, voire de vénération, quasi filiale. »
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