Le 23 avril 2022
Un premier ouvrage prenant, drôle, émouvant et perturbant.
- Auteurs : Editions Jean-Claude Lattès, Cécile Maistre-Chabrol
- Genre : Récit
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 6 octobre 2021
- Plus d'informations : Le site officiel de l’éditeur
L'a lu
Veut le lire
Résumé : Ce récit nous fait suivre l’itinéraire de Zélie de 1966 à Torremolinos à l’après Charlie. A travers le parcours dense et atypique d’une femme qui ne l’est pas moins, on découvre : sa vie, sa construction entre deux monstres du cinéma (le comédien François Maistre et l’auteur réalisateur Claude Chabrol) et une mère atypique intrigante et attachante, son regard sur sa famille et ce « milieu », à la fois bienveillant lucide et amer, et ses réflexions sur notre époque.
Critique : Les styles se suivent et s’entremêlent sans se ressembler : phrases courtes, gouailleuses, dialogues réalistes souvent poignants, narration elliptique d’une pudeur et d’une beauté déconcertantes, pour raconter l’arrivée d’un fils et la relation avec un père, poèmes, ou encore ce magnifique chapitre écrit en bloc, car il y a tant à dire sur cet homme aimé que le point n’y trouve pas sa place. La plume est totalement affranchie et nous fait sourire, voire franchement rire, nous prend aux tripes, nous surprend ou nous plombe, selon les thèmes que l’auteur décide d’aborder tout aussi librement : souvenirs intimes, anecdotes marquantes, angoisses, immersion dans son rôle clef sur les tournages, étapes de cette vie singulière, le tout sans jamais tomber dans l’écueil du mélo, de l’égo ou de la victimisation.
Pourtant, elle en a traversé des drôles d’épreuves, la petite Zélie.
On y retrouve sans doute une part, plus ou moins importante, de notre propre existence : les scènes de pure grâce qui ne s’effaceront pas (le clin d’œil du clown à Zélie enfant, le face à face avec le monstre Gégé, l’ouverture du Nuits-Saint-Georges de 1947…), la sexualité, la maladie (pas celles qui « te grignotent », celles qui « t’enlèvent ton âme »), les éclats et souvenirs de vie de familles qui ne font rire que nous (mais on rit quand même avec Zélie), la solitude, les expressions et les manies des proches qui nous poursuivent toujours (pas si fréquemment mises ainsi en lumière), le grand départ du père (double dose pour Zélie), notre jeunesse et les Négresses vertes, le poids de l’hypocrisie ambiante, les bonheurs incommensurables, la peur, la culpabilité d’être triste alors qu’objectivement-pas-matière-à-se-plaindre-tout-de-même. Avec un maître-mot : la joie, coûte que coûte.
Zélie encaisse, observe, réfléchit et rebondit.
Il s’agit d’une autobiographie. Une plongée dans le milieu du cinéma français. Le parcours du père naturel de l’auteur, comédien dont l’aura actuelle n’est pas à la hauteur de sa gloire passée. Une relation bouleversante mère-fille. Une histoire d’amour magnifique entre la mère et le père adoptif. Une confession sur les liens entre une fille et ses pères, et entre eux. Une histoire de rencontres de personnages hauts en couleur. Un livre sur Chabrol par sa fille. Un hommage qui donne envie de revoir ses films ou de les découvrir. Un témoignage qui restitue en pointillés les états d’âme des femmes nées dans les années 70. Inclassable.
Torremolinos réussit une prouesse : être à la fois un ouvrage que l’on dose et que l’on pose.
On le dose, car on ne veut pas l’avoir fini. Même s’il pourrait sembler de prime abord « décousu », il captive et absorbe autant qu’un récit à suspens. Un peu comme si on était attablé face à Zélie pour l’écouter parler
On le pose, car il est riche de réflexions pertinentes et perturbantes sur nous-mêmes, le genre humain et notre société. Donc, on relève la tête et on médite ; on s’interroge, on se sent compris et moins seul. Ou les deux à la fois.
342 pages – 20,90 €
La chronique vous a plu ? Achetez l'œuvre chez nos partenaires !
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.