Tokyo Tribe - la critique du film + le test blu-ray

La nouvelle dinguerie de Sono Sion. Une comédie musicale hip-hop déjantée.

L’argument : Dans un Tokyo futuriste, une immense guerre des gangs fait rage et divise la ville en quatre clans qui veulent imposer leurs règles. À la tête de deux bandes, deux anciens amis rivalisent et les rancoeurs et sentiments personnels viennent se mêler aux affrontements des hommes dans un chaos toujours grandissant.

Notre avis : Alors qu’on voyait Sono Sion se ramollir depuis ses deux mélodrames sur Fukushima (Himizu et The Land of Hope), le voici qui revient à la charge avec l’adaptation d’un manga signé Santa Inoue. Juste après Why don’t you play in hell ?, son Tokyo Tribe sonne donc comme une nouvelle parenthèse hautement récréative. Cette dinguerie à base de comédie musicale hip hop s’autorise bien des excès et débordements (sexe, ultra violence, personnages loufoques, décors et costumes d’un kitsch assumé). Tout y est digne d’un joyeux foutoir bien déjanté, et ce n’est absolument pas pour faire offense au réalisateur japonais que de désigner ainsi son travail. Car Tokyo Tribe a tout du désordre général totalement maîtrisé. D’un point de vue formel, l’adresse dont Sono Sion fait preuve n’a rien à envier à personne. Il débite des plans séquences sur un rythme sidérant et déplace sa caméra indomptable pour dépeindre le chaos d’une guerre des gangs dans un Tokyo dystopique avec toujours plus d’idées à la seconde. Et même si le film n’a pas forcément grand chose à nous raconter, il y a de quoi jubiler.

À la vision du long métrage, on retiendra comme seul mot d’ordre celui de l’excès. C’est le terme ad hoc qui va pouvoir traduire en même temps les meilleurs atouts et les pires faiblesses du film. Trop flashy, trop grotesque, trop vulgaire, trop long, une pelletée interminable de personnages, des chansons hip-hop à en perdre haleine ! À ce stade, beaucoup auront vite fait de décrocher, mais pour ceux qui tiendront bon, parce qu’au fond, ils aiment ces bouffonneries azimutées typiquement japonaises, l’attente s’avérera payante. Ils se verront embarqués par la générosité de cette péloche furieuse dans l’âme qui renvoie à la version fantasmée d’une ville peuplée de gangs rivaux bariolés, comme Walter Hill l’avait fait pour New York dans Les Guerriers de la nuit. Sono Sion, lui, résume l’absurdité des jeux de pouvoir animant cette guerre à un vulgaire concours de bites (beat ?)...On peut toujours trouver ça pas très fin, mais force est de reconnaître qu’entre une attaque de tank cheap contrôlé par un saumurai, une mémé DJ qui déchaîne ses platines et un caïd masturbateur de godemichet armé d’un gatling, ça passe sans encombre.
Sono Sion accouche donc d’une comédie musicale hip-hop sur courant alternatif qui devrait néanmoins combler les amateurs de manga live en mal de beats lourds dans les enceintes et d’extravagances visuelles sur leurs écrans.

LE TEST BLU-RAY :
La qualité de l’image et du son de cette édition blu-ray font oublier le peu d’efforts fournis sur la partie bonus. Et puis un Sono Sion en Haute Définition, ça ne se refuse pas.

Les suppléments :

C’est un peu mince question bonus puisque nous n’avons droit qu’à un accès à des scènes coupées (4mn). On attendait plus, comme par exemple un making-of.

L’image :

L’encodage est d’excellente facture, la définition fine et les couleurs souvent flamboyantes. Un petit bémol concernant certains noirs qui manquent parfois de profondeur. Ajoutons enfin que ce n’est pas tous les jours que l’on peut avoir accès à un Sono Sion en HD sur notre territoire, du coup, au même prix que la version DVD, il serait vraiment bête de s’en priver. On remercie Wild Side pour cette initiative.

Le son :

Une seule piste son disponible, la DTS Master Audio 5.1 japonaise à qui l’on a strictement rien à reprocher. Les basses mastocs de chaque morceau hip-hop défouraillent sévère. Ça envoie du très lourd dans les enceintes et le caisson de basses y est sollicité comme jamais. On apprécie également les paroles des chansons en langue originale, parfaitement traduites pour le coup.