Le 18 septembre 2016
Nouvelle réalisation de l’inépuisable Sono Sion, Antiporno, sous ses allures de commande et malgré sa courte durée, se révèle être une œuvre unique à la densité palpable.
- Réalisateur : Sono Sion
- Acteur : Ami Tomite
- Genre : Thriller, Érotique
- Nationalité : Japonais
- Durée : 1h16mn
- Festival : L’Etrange Festival 2016
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Résumé : Kioko, star de la mode, s’ennuie dans son appartement en attendant son rendez-vous avec Watanabe, une rédactrice en chef chargée de l’interviewer. Dans le jeu de domination et d’humiliation entre elle son assistante, les rôles vont peu à peu s’inverser. À moins que tout ça ne soit fictif ?
- Copyright Nikkatsu Corporation
En 2010, la Nikkitsu, illustre société japonaise à l’origine d’un nombre incalculable de films depuis plus d’un siècle, fondait le label SushyTyphoon dans le but de permettre à quelques réalisateurs triés sur le volet de donner libre cours à leur vision du cinéma de genre. Des quelques films réalisés, certains se dégageront plus du lot dont un certain Cold Fish réalisé par Sono Sion, cinéaste ultra-prolifique connu et reconnu pour son très énervé Suicide Club ou encore le magnifique Love Exposure. On ne s’étonnera donc pas de retrouver le bonhomme pour cette nouvelle anthologie de la Nikkatsu dédiée cette fois-ci au roman porno, à savoir des films mettant en scène, non de la pornographie comme on pourrait le penser mais de l’érotisme plus ou moins soft, et généralement porteur d’un réel propos entre deux scènes de sexe. Le genre était très à la mode au Japon tout au long des années 70.
Mais voilà, la commande réalisée pour l’occasion se nommant Antiporno, on sent déjà une certaine tendance de Sono Sion à se dégager quelque peu du cahier des charges en accomplissant avant tout un projet personnel. Ainsi, les corps dénudés et le thème de la sexualité sont-ils bien présents qu’ils ne constituent en rien l’intérêt du film, lui servant plutôt de trame et d’outils à réflexion tout au long d’une œuvre aux allures de trip métaphysique. Paradoxalement, les premières minutes ne laissent en rien deviner ce qui est à venir.
- Copyright Nikkatsu Corporation
Ainsi Antiporno débute-il comme un étrange jeu d’humiliation dont la singularité vient avant tout du décor (huis-clos aux couleurs criardes) et de ses protagonistes dont la plupart semblent sous l’emprise de drogues, à l’exception d’une assistante soumise à des jeux pervers par une star de la mode a priori totalement névrosée. Puis, alors que l’on en est toujours à se demander où le film veut nous mener, vient un retournement de situation inversant totalement rapport de force et la sens général du spectacle auquel on croyait d’assister. Ce "twist" (en-est-il vraiment un ?) n’est que le premier d’une longue série qui ne fera que brouiller les pistes et finir par noyer la concept même de réalité.
Parallèlement, alors que l’intrigue du film est de plus en plus floue, son propos se dévoile quant à lui jusqu’à l’explicite. Ne pensez néanmoins pas tout saisir de l’œuvre dès le premier visionnage, celle-ci étant garante de différents niveaux de lecture, tant la narration est fragmentée. Relevons en tout cas que le film à le courage de remettre en question son propre genre, dénonçant l’instrumentalisation de la sexualité féminine dès qu’il le peut.
Ainsi Sono Sion se plaît-il à jouer avec le spectateur, le tout aidé par des actrices dont la souplesse de jeu surprend et laisse admiratif. Et si Antiporno ne sera pas la réalisation la plus marquante du cinéaste, elle n’en demeure pas moins exquise.
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