Tiresia

L’argument : Tiresia est un transsexuel brésilien. Terranova, un esthète qui l’assimile à la beauté parfaite, l’enlève. Tiresia, privé d’hormones, va peu à peu se métamorphoser, reprenant ses attributs masculins. Terranova le rejette alors, et l’abandonne, le jette à la rue. Tiresia, brisé, est recueilli par une jeune fille. Il s’aperçoit alors qu’il est capable de prévoir l’avenir.

Coup d’œil : La légende raconte que Tirésias, un jour qu’il se promenait, trouva sur son chemin deux serpents enlacés. Il en tua un, la femelle, et se transforma en femme. Il resta sous cette forme pendant sept ans, jusqu’à ce qu’il rencontre à nouveau un couple de serpents. Il tua le mâle, et retrouva sa première apparence. Un jour, Zeus et Héra se querellaient à propos du plaisir que pouvaient retirer l’homme et la femme de l’amour. Tirésias fut pris à témoin, pour son expérience des deux sexes, et affirma que la femme éprouvait neuf fois plus de plaisir que l’homme. Héra, pour le punir d’avoir trahi ce secret, le rendit aveugle. Zeus pour le consoler, lui accorda le don de prophétie.
La légende grecque sert de point de départ au film de Bernard Bonello. Tirésias, incarnation du transsexualisme, fascine par sa connaissance des plus intimes secrets de l’autre. Voir en l’autre, accéder à sa connaissance, au prix de sa vue, puisqu’il est question de bien autre chose : percevoir au-delà des apparences, l’intimité intransmissible. De là, prévoir, au-delà du réel, ce qui n’a pas encore été.
Du sexe à l’identité, les thèmes chers à Bernard Bonello s’épanouissent dans ce nouvel opus, et affrontent une fois de plus les écrans cannois dans le sillage sulfureux du Pornographe !