Bleu divin
Le 13 janvier 2004
Wenders sur les traces de trois virtuoses du blues. Et la magie opère !


- Réalisateur : Wim Wenders
- Genre : Documentaire, Musical
- Nationalité : Américain, Allemand
- Distributeur : Bac Films
- Editeur vidéo : Wild Side Video
- Durée : 1h43mn
- Date de sortie : 14 janvier 2004
- Festival : Festival de Cannes 2003

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– Avec Keith B. Brown, Chris Thomas King, et également Beck, Nick Cave, Lou Reed, Cassandra Wilson...
Résumé : À coup d’images d’archives, de reprises live par des musiciens contemporains et de reconstitutions, Wenders raconte son amour pour le blues à travers le portrait de trois figures énigmatiques du genre : Skip James, J.B. Lenoir et Blind Willie Johnson.
Critique : Inscrit dans la collection The Blues initiée et produite par Martin Scorsese, Wim Wenders réalise un nouveau documentaire consacré cette fois-ci au blues. Wenders s’est donc chargé d’ouvrir cette petite anthologie cinématographique. Peut-être doit-on y voir un hommage à Buena Vista Social Club qui a initié l’émergence et le succès du documentaire sur la musique. Cette fois, il construit son documentaire comme un voyage dans le temps aux accents mystiques. Une quête initiatique à la découverte de ses trois bluesmen préférés. Lawrence Fishburne prête sa voix veloutée à Blind Willie Johnson qui se fait le narrateur de cette épopée. L’idée de départ du film est la chanson éponyme de Johnson The Soul of a Man, partie aux confins de l’univers dans la sonde Voyager. L’histoire est également celle de Skip James et de J.B. Lenoir. Et le spectateur fait la connaissance de trois personnalités étonnantes, au talent indéniable : en plus de leur virtuosité musicale et de leurs voix incroyables, on découvre des textes engagés, ancrés dans la réalité et l’histoire des Noirs américains de l’époque : dépression économique, ségrégation et Ku Klux Klan...
The Soul of a Man est la biographie de visionnaires, pourtant morts dans l’anonymat et la pauvreté. Un drame déjà révélé dans Buena Vista Social Club et, plus récemment, dans Standing in the Shadows of Motown de Paul Justman : des génies de la musique injustement oubliés ou relégués au second plan, faute d’enregistrements. Aujourd’hui, le cinéma met les projecteurs sur ces précurseurs géniaux qui ont su inventer un son et influencer la musique pour toujours. Avec les reprises magnifiques de Cassandra Wilson, Beck et bien d’autres, Wenders crée une passerelle entre ces bluesmen et leurs héritiers. Un film aux documents rares, qui permet aux novices d’accéder aux origines profondes d’une musique fondatrice. Un hymne à la mémoire, une grande ode au blues. Sorte de laissez-passer pour l’éternité.