The Silent Twins - Agnieszka Smoczynska - critique

Critique : Elles sont deux sœurs, étranglées dans un silence social qui les coupe du monde. Elles se rêvent écrivaines et dans l’enclos de leur chambre, s’inventent des romans et des poèmes. Bien sûr, le récit de cette gémellité est intéressant, d’autant qu’il s’agit du destin réel de deux écrivaines. Sauf que la réalisatrice en fait un film qui s’oppose au biopic ordinaire. Elle passe par des chemins de traverse pour recomposer cette drôle de biographie qui mêle poésie, humour et drame.

Copyright 2022 Focus Features, LLC.

Le souci demeure dans le traitement de cette relation de gémellité qui s’impose le silence. Elles ne se parlent qu’en privé où elles écrivent leurs rêves et leurs projets de livre. Les services éducatifs, sociaux et psychologiques s’épuisent devant le mystère de leur mutisme et finissent souvent par les renvoyer dans leur chambre qui ressemble à un cocon. Mais en fait, en dépit de l’idée plutôt intéressante et originale, la vraisemblance du propos est en permanence en cause. On peut imaginer que l’intention d’Agnieszka Smoczynska n’était pas de faire vérité, mais le point de vue est très ambigu. Si l’idée d’ailleurs de mélanger à la narration des séquences d’animation censées reproduire les fruits de l’imagination des deux filles est intéressante, cela ne fait que renforcer l’ambivalence du propos.

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Assez vite, le spectateur est lassé par ces va-et-vient permanents des deux sœurs entre amour fusionnel et règlements de compte. Elles s’aiment comme elles se détestent dans un jeu constant de violences et d’embrassades. Du coup, le film paraît indéfiniment long dans ces volte-face narratives d’amour, haine, joie et détresse. On s’ennuie fermement et l’inventivité des décors, la musique plutôt agréable ne permettent pas d’accrocher l’attention du spectateur.

Bref, de ce qui aurait pu être un fascinant portrait psychanalytique de la gémellité et de la création artistique, il ne résulte qu’un vague essai cinématographique qui égare son spectateur dans une surenchère d’effets stylistiques.